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Iourï Milner, le mystérieux « ami » russe de Facebook - Benjamin QUÉNELLE

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Iourï Milner, le mystérieux « ami » russe de Facebook - Benjamin QUÉNELLE Empty Iourï Milner, le mystérieux « ami » russe de Facebook - Benjamin QUÉNELLE

Message  Vivre Enrussie Jeu 1 Juil 2010 - 6:51

01/07 - http://www.lesechos.fr/info/enquete/020596198004-iouri-milner-le-mysterieux-ami-russe-de-facebook.htm

Vu qu'il y a a boire et a manger dans cet article, il est dans cette section et non en "business".

En cinq ans, il a acquis des parts dans 25 sociétés d'Internet, en Europe de l'Est puis sur le marché occidental. Convaincu de l'avenir des réseaux sociaux sur le Web, il détiendrait aujourd'hui 10 % du géant américain Facebook. Son ambition : « bâtir une compagnie internationale » . Rencontre.
Avec une curiosité dubitative, Iourï Milner jette un oeil sur le Post-it. Très vite, la pupille de l'homme d'affaires s'éveille. En silence, avec concentration, cet investisseur russe, président de Digital Sky Technologie (DST), dont la part est estimée à 10 % dans le capital de Facebook, lit avec intérêt les noms des huit sites Internet griffonnés sur ce bout de papier. De potentielles cibles pour ce physicien de formation qui, en Russie puis aux Etats-Unis, s'est en cinq ans composé un assemblage hétéroclite de parts dans le capital de sociétés du Web.
Le sourire en coin, Iourï Milner reconnaît être en discussion avec au moins l'une de ces huit sociétés. Twitter ? Alors que la rumeur annonce le rachat de la messagerie instantanée par son holding, l'investisseur se contente de répondre par un éclat de rire. Sa prochaine prise se fera-t-elle aux Etats-Unis (sept des huit noms sont américains : Twitter mais aussi eHarmony, Gilt, Kayak, LinkedIn, Demand Media, the Ladders) ou en Europe (Habbo) ? Mystère. Pour bâtir son portefeuille, financé avec des investisseurs russes (l'oligarque Alicher Ousmanov en particulier), occidentaux (Goldman Sachs, Tiger Global notamment) et plus récemment chinois (avec l'entrée de Tencent au capital de DST), on dit qu'il a déjà dépensé plus d'un milliard de dollars. Et qu'un autre milliard est disponible pour accroître son début d'empire.
Le pari des réseaux sociaux

Mais le président de DST, le holding d'investissements qu'il a lancé en 2005 et qu'il contrôle avec son camarade d'affaires Gregory Finger, n'aime pas parler chiffres. Il se confie rarement à la presse. « Ce n'est pas bon d'investir sous la pression », prévient-il. Cependant, Iourï Milner a faim. Et ne le cache pas. Recevant « Les Echos » dans un restaurant chic et cool de Moscou, il vient d'engloutir une demi-douzaine de petits pains. Le menu est habituel pour Iourï Milner, quarante-huit ans, anonyme dans son costume bleu (sans cravate, tee-shirt apparent, discrets boutons de manchette). Le décor du restaurant est recherché, la cuisine sophistiquée. Mais sans les excès bling-bling qui ont fait la (mauvaise) réputation des nouveaux riches russes. L'investisseur assure ne pas se voir en oligarque. Evasif sur le montant de sa fortune, il confie conduire une « simple » Lexus et posséder seulement une datcha sur la Volga. Ses jouets, ce sont divers écrans plus plats et sophistiqués les uns que les autres qu'il sort de sa pochette en cuir.
Le parcours de Iourï Milner épouse l'histoire d'une URSS finissante puis les chaotiques premières années de libéralisme : études de physique à l'Académie des sciences ; petit commerce de PC transportés dans le coffre de la voiture paternelle, une Jigouli, légendaire automobile soviétique ; vente de cette même Jigouli pour compléter une bourse et filer faire un MBA à la Wharton School aux Etats-Unis ; deux ans d'apprentissage du management à Moscou dans la banque de Mikhaïl Khodorkovski, le célèbre oligarque aujourd'hui emprisonné, dont le sort ne semble guère le préoccuper ; vente d'une usine de nouilles, point de départ d'un pactole financier ; difficiles débuts d'investisseur dans le Web financés par la vente d'actions de Gazprom, le géant gazier.
« Je ne m'intéresse aujourd'hui qu'à Internet ! Jusqu'à présent, le Web était puissant. Mais il n'était pas encore social », lance Iourï Milner. « Je veux bâtir une compagnie internationale », insiste-t-il. DST possède des parts dans 25 sociétés d'Internet, dont 10 considérées comme des sites majeurs. Mais Iourï Milner ne précise ni la liste ni les participations exactes. Pour accumuler expérience et confiance, il s'est d'abord concentré en Russie et en Europe de l'Est où il est généralement propriétaire majoritaire. C'est notamment le cas de Mail.ru, premier « bébé » devenu l'un des principaux portails russes. Une présence complétée par deux sites populaires en Russie (les réseaux sociaux Vkontakte et Odnoklassniki) puis d'autres en Pologne et dans les pays Baltes. « J'ai attendu d'avoir investi dans cinq réseaux sociaux en Russie et en Europe de l'Est avant de me lancer sur le marché occidental », raconte-t-il. Une stratégie d'expansion parfois ponctuée d'échecs. Iourï Milner cite les négociations avec une société occidentale qui, dans l'impasse depuis un an, viennent juste de progresser.
Vite et au prix fort

Dernière acquisition en date : DST a annoncé en avril ses vues sur ICQ, service de chat d'AOL. Un achat pour 187 millions de dollars qui doit être conclu d'ici fin août. Dans le portefeuille américain de Iourï Milner, ICQ rejoindrait Zynga (jeux), Groupon (vente de tickets à prix réduits) mais surtout… Facebook. « Une société fondamentale. Car les réseaux sociaux vont bouleverser nos vies comme l'ont fait par le passé l'électricité et l'énergie nucléaire », affirme-t-il. En mai 2009, pour quelque 200 millions de dollars, DST a acquis 2 % de Facebook. Depuis, sa part serait passée à 10 %. « No comment », réplique Iourï Milner. Mais sa montée en puissance dans le capital du leader des réseaux sociaux sur Internet est bel et bien en cours. Ses actions, il les achète en majorité sur les marchés secondaires : ex-employés, nouveaux employés, fondateurs et investisseurs actuels.
Cette stratégie d'achats tous azimuts a rendu perplexes plus d'un analyste du secteur. « Milner a une politique très agressive, s'étendant vite et n'hésitant pas à payer le prix fort. Mais la vision qui sous-tend ces acquisitions est d'autant moins claire que plusieurs sites se font concurrence. Certains sont en plein boom comme Facebook. D'autres ont cessé de croître comme ICQ », rappelle Anna Lepetukhina, experte chez Troika Dialog, l'une des principales banques d'investissement russes.
Indifférent à la critique, Iourï Milner justifie cette omniprésence par la nécessité de marquer son territoire dans un secteur en pleine croissance. « Le grand problème à venir, c'est l'explosion des flux d'informations », explique-t-il, assurant recevoir lui-même entre 100 et 200 e-mails par jour contre 20 il y a cinq ans. « La solution, ce sont les réseaux sociaux sur Internet. Car ils agissent comme des filtres : grâce aux recommandations envoyées par vos amis, ils vous permettent de choisir directement ce dont vous avez besoin et ce qui vous plaît. » A contrario, Iourï Milner ne croit guère à la survie de « ceux imposant leurs choix », presse écrite, éditeurs de CD. « L'avenir, c'est la fragmentation des contenus ! »
Un financier avant tout

Pour expliquer sa stratégie, Iourï Milner retrouve ses élans de scientifique : Internet, selon lui, brise les contenus en atomes d'information. La suite est, dans sa bouche, simple comme une équation : « Les sites de réseaux sociaux sont une plate-forme d'accélération, comparable à l'un de ces moteurs successifs propulsant une fusée », assure-t-il, fier au passage de rappeler que ses parents l'ont nommé Iourï parce qu'il est né l'année où Gagarine a conquis le cosmos.
Le patron de DST veut, lui aussi, voir grand. Et être jugé au mérite, au-delà des arrière-pensées politiques. Assurant agir sans instructions du Kremlin, il se moque des théories du complot qui, aux Etats-Unis, ont accompagné l'arrivée d'un Russe au coeur du Web américain. Au-dessus de l'Atlantique, via Londres, il voyage beaucoup et dit ne dormir que cinq heures par nuit. Un régime imposé à ses sept « managers » qui, débauchés en partie de Goldman Sachs, surveillent le portefeuille existant et cherchent de nouvelles opportunités. Ils suivent actuellement une cinquantaine de sociétés.
C'est une stratégie de « simple holding parapluie », résume Anna Lepetukhina. Une stratégie rentable ? « Mail.ru fait des bénéfices. Mais les autres ? », s'interroge l'analyste. Iourï Milner répond par l'affirmative pour l'ensemble de son holding. Lui qui, pendant un temps, a été le PDG de Mail.ru rappelle les fondamentaux d'un business efficace sur Internet : « coûts d'entrée faibles et rapide croissance organique si le business model est bon ». Il croit au gratuit. Sur les 25 sites de DST, un seul fait payer l'accès (Odnoklassniki).
Entre ses sociétés, Iourï Milner trouve certes quelques synergies. Mais « ce n'est pas sa priorité car il veut avant tout être le plus présent possible afin de bénéficier de la croissance générale de ce secteur », rappelle l'un de ses anciens conseillers. Selon cette source, si Iourï Milner se fait l'avocat d'Internet, « il reste avant tout un financier, cherchant à profiter des opportunités pour acheter, vendre et faire des bénéfices. Pendant la crise, il n'a pas arrêté. En ce moment, il est plus actif que les autres. Il acquiert du Facebook pour demain espérer vendre lors d'une IPO… » Iourï Milner ne confirme pas. Mais, toujours le sourire en coin, il ne dément pas.
BENJAMIN QUÉNELLE (À MOSCOU), Les Echos

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