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Les vents contraires du Mistral - Nathalie Guibert, Natalie Nougayrède et Piotr Smolar

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Les vents contraires du Mistral - Nathalie Guibert, Natalie Nougayrède et Piotr Smolar Empty Les vents contraires du Mistral - Nathalie Guibert, Natalie Nougayrède et Piotr Smolar

Message  Vivre Enrussie Lun 25 Jan 2010 - 22:16

25/01/10 - http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/25/les-vents-contraires-du-mistral_1296376_3214.html
Nathalie Guibert, Natalie Nougayrède et Piotr Smolar

Nathalie Guibert: http://lemamouth.blogspot.com/2009/07/nathalie-bilder-la-defense-du-monde.html
...nouvelle correspondante défense du Monde

Nougayrede: http://alexandrelatsa.blogspot.com/2010/01/alors-que-la-russie-vient-de-feter-la.html
http://perspectivesgeopolitiques.wordpress.com/2008/10/27/stop-a-la-russophobie/

et Smolar c'est le fils spirituel de Nougayrede et Jego...

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La scène a lieu le 1er octobre 2009 à Moscou. En VRP de l'industrie militaire française, Bernard Kouchner et Hervé Morin sont en mission. La discussion, serrée, avec leurs homologues, Sergueï Lavrov et Anatoli Serdioukov, porte sur un dossier majeur : la vente du Mistral. Le fleuron de la flotte française est un bâtiment de projection de commandement (BPC), on peut y installer 16 hélicoptères, des dizaines de tanks, et jusqu'à 750 soldats. "Nous ne voulons pas être prisonniers du passé", déclare le ministre français des affaires étrangères devant la presse. Traduction : la Russie est un partenaire, et non une puissance hostile. En aparté, Hervé Morin se dit confiant. "Les Russes nous ont transmis 181 questions techniques", indique-t-il pour illustrer leur intérêt
Les discussions se poursuivent à ce jour. Mais au-delà de ces questions techniques, l'affaire du Mistral est aujourd'hui un enjeu de politique internationale. La France trouve son intérêt dans ce marché, elle qui n'a jamais réussi à vendre le Mistral et qui cherche à consolider ses relations bilatérales avec la Russie. Celle-ci veut moderniser son secteur militaro-industriel. Quitte à s'adresser, pour la première fois, à un membre de l'OTAN. Mais la démarche inquiète ceux, en Europe ou aux Etats-Unis, qui dénoncent l'agressivité de la Russie à l'égard de ses voisins, telle la Géorgie.

23 novembre 2009. Près de deux mois après la visite de M. Kouchner à Moscou, les négociations ont bien avancé. Dans le froid, une foule se presse sur les quais de Saint-Pétersbourg pour admirer le premier Mistral à accoster en ces terres russes. La Russie a manifesté son intérêt pour ce navire au lendemain de la guerre éclair contre la Géorgie, en août 2008, qui a révélé les graves déficiences de son armée, sous-équipée. Ce bâtiment est utilisable aussi bien pour des opérations d'évacuation civile que pour des débarquements militaires. Le bâtiment a fait ses preuves, sur tous les théâtres, du Liban à la Birmanie. Les autorités françaises l'assurent : le navire présent à Moscou n'est qu'une "coquille vide". Aucun secret technologique militaire ne sera donc révélé.

"Combien de navires voulez-vous ?", avaient demandé deux mois plus tôt MM. Kouchner et Morin. "La Russie a cinq mers", avait répondu M. Lavrov, en diplomate rusé. Cinq Mistral ? Formellement, Moscou n'en a demandé qu'un seul, pour lequel, en France, la Commission interministérielle d'étude des exportations de matériels de guerre (Cieemg) a émis un avis favorable. S'agit-il ensuite de le copier dans les chantiers navals de Saint-Pétersbourg ? A l'Elysée, on expliquait fin 2009 qu'il n'en était pas question : "C'est une ligne rouge." Le 26 août 2009, le chef de l'état-major russe, le général Nikolaï Makarov, déclarait pourtant que "trois ou quatre autres" navires pourraient être "construits conjointement en Russie". Cinq mers... Pour la France, c'est un gros marché : environ 500 millions d'euros le navire.

Mais l'affaire du Mistral provoque des remous. A Washington, des élus républicains s'émeuvent, profitant de l'occasion pour égratigner l'administration Obama. Celle-ci demeure silencieuse pour préserver ses ouvertures à la Russie. Le 16 décembre 2009, six sénateurs républicains, dont John McCain, adressent ainsi une lettre à l'ambassadeur de France aux Etats-Unis, Pierre Vimont, avec copie à la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton. Ils ne mâchent pas leurs mots : "Nous craignons que cette vente envoie à la Russie le message que la France acquiesce à son comportement de plus en plus belliqueux et hors la loi." La Russie, rappellent-ils, viole les termes du cessez-le-feu de 2008 en Géorgie, et fait peu de cas d'un traité sur les limitations des armements en Europe.

En outre, la vente "pourrait contrevenir" au code de conduite de l'Union européenne pour les exportations d'armements. Trois jours plus tard, Pierre Vimont leur répond. Il dément que la demande russe puisse "représenter une menace crédible à l'Alliance atlantique". La vente du Mistral pourrait écorner l'image de la France aux Etats-Unis. Un exemple : le Congrès américain a préparé une législation frappant de sanctions les sociétés étrangères qui vendent des produits pétroliers raffinés à l'Iran. Paris pourrait-il, en raison de la vente envisagée du Mistral à la Russie, avoir du mal à obtenir une "exemption" pour Total ? C'est en tout cas sur un soutien bipartisan que semble compter Ileana Ros-Lehtinen, une élue républicaine à la Chambre des représentants qui a déposé une résolution pour condamner la vente du Mistral. "Aucun membre de l'UE ou allié de l'OTAN ne devrait récompenser les tendances franchement belliqueuses de la Russie avec des ventes d'armements militaires avancés et de technologies", explique-t-elle au Monde.

Guère étonnant, dans ce contexte, que le président de la Géorgie, Mikheïl Saakachvili, élève à son tour la voix. Le 15 janvier, il a fait au Monde la déclaration suivante : "D'un point de vue technique et légal, la Russie demeure en état de guerre avec un de ses voisins (...). Une telle vente se ferait au profit d'un agresseur essayant de légaliser le nettoyage ethnique de 500 000 citoyens (géorgiens) et l'occupation illégale par la force, de 20 % du territoire d'un Etat souverain."

En France, la vente du navire à la Russie a des partisans assidus. François Fillon, notamment. Le premier ministre pense aux retombées économiques. En ces temps de crise, la vente d'un Mistral représenterait "environ 1 000 emplois pendant deux ans" pour les chantiers STX de Saint-Nazaire, indique-t-on au sein de la société. En juin 2011, STX doit livrer un troisième Mistral pour la marine française. "En dehors de ça, le carnet de commandes est vide", dit cette source.

M. Fillon se veut attentif aux préoccupations russes. Refuser cela, a-t-il commenté le 27 novembre, en recevant son homologue russe, Vladimir Poutine, c'est "avoir des réflexes qui n'ont plus rien à voir avec la réalité de la situation". "François Fillon a toujours considéré la Russie comme une grande puissance qui fait partie du continent européen", souligne son conseiller pour les affaires culturelles, Jean de Boishue, grand connaisseur de ce pays.
Au Quai d'Orsay, en revanche, l'affaire suscite de fortes réserves. "L'issue idéale" pour évacuer les critiques, commente un diplomate de haut rang, "serait que les Russes renoncent à l'acquérir". En faisant cavalier seul avec un tel contrat, Paris pourrait se retrouver en position inconfortable, au moment où la Pologne et les Etats baltes demandent des garanties sur les mécanismes de solidarité entre alliés. La guerre de Géorgie a servi de coup de semonce. Le vaste exercice militaire conjoint (13 000 soldats) entre la Russie et la Biélorussie, en septembre 2009, a renforcé les craintes. Le Mistral, "c'est un problème de conscience et de réalisme politique", dit Bernard Kouchner, sans expliciter. Un diplomate résume : "Nous sommes opposés à tout ce qui pourrait alimenter la volonté russe de nous diviser dans l'OTAN et l'Union européenne."
La Russie pourrait-elle, au final, renoncer ? Le 11 septembre 2009, le commandant de la flotte russe, Vladimir Vissotski, a déclaré qu'avec le Mistral la guerre de Géorgie aurait été gagnée "en quarante minutes, et non en vingt-six heures". Provocation calculée ? Le propos s'est avéré gênant pour les tenants d'un accord. En réalité, les divisions côté russe sont bien plus fortes que du côté français.

Le ministre de la défense, Anatoli Serdioukov, a lancé une vaste réforme, qui bouscule les conservatismes. "Serdioukov a une conviction : si nos technologies sont inefficaces ou inexistantes, il faut acheter à l'étranger, décrypte l'expert en armements Vadim Koziouline, du Centre russe d'études politiques. Le premier cas spectaculaire a été l'achat de drones espions à Israël, début 2009." Dans le secteur militaro-industriel russe, cette atteinte au patriotisme économique passe mal. En novembre, à Paris, le vice-premier ministre russe, Igor Setchine, assurait que son pays était "en mesure" de fabriquer "l'équivalent" du Mistral grâce à la holding publique OSK, qui coiffe les chantiers navals russes. Une façon pour ce puissant officiel, qui se trouve être président du conseil de surveillance d'OSK, de veiller à son carnet de commandes...

Les Russes ont été interrogés sur l'usage qu'ils entendaient faire du navire. En retour, Moscou a mis les Français sous pression, lançant un appel d'offres en direction d'industriels espagnols et néerlandais. A Birmingham, le professeur Julian Cooper, du Centre d'études pour la Russie et l'Europe de l'Est (Crees), n'est pas du tout convaincu de la volonté de Moscou d'acheter le Mistral. "Je crois que les Russes feront traîner aussi longtemps que ça leur est utile. Ils se retireront au final, analyse-t-il. Leur intérêt est autre. Ils essaient de faire accepter en Russie le principe des achats à l'étranger. Ils utilisent cela comme un levier de pression sur leur secteur militaro-industriel. Enfin, ils apprécient le fait que les Français, et peut-être l'OTAN, acceptent tacitement l'idée de vendre des armes à la Russie. Ça ouvre des perspectives !" Le secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale (SGDSN), au premier rang dans les négociations, est sur le point de remettre à l'Elysée son évaluation confidentielle du dossier.

Lundi 25 janvier commencent les festivités de l'année culturelle croisée entre les deux pays. Dans ce cadre, le président Dmitri Medvedev se déplacera à Paris, en mars. Nul doute qu'entre deux événements culturels, il trouvera le temps de parler du Mistral.

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Les vents contraires du Mistral - Nathalie Guibert, Natalie Nougayrède et Piotr Smolar Empty Re: Les vents contraires du Mistral - Nathalie Guibert, Natalie Nougayrède et Piotr Smolar

Message  Invité Mar 26 Jan 2010 - 17:06

l'affaire du mistral fait décidément couler beaucoup d'encre outre atlantique mais ne sommes nous pas dans un monde multipolaire et la guerre froide n'est-elle pas terminé.
lors d'un émission sur l'Otan Hubert Védrine s'inquiétait de dérive au sein de l'Otan ses derniers on la fâcheuse tendance a considérer hostile tout ce qui est extérieur a l'Otan. Razz il aurait même été question de créer une alliances des démocraties. l'otan cherche en permanence a justifier son existence, hors pour sa il fait un ennemi. c'est une manière de voir les choses bien sur.

cette vente ne ferait que "rapprocher" la France et la Russie hors c'est peut être ce que ne veulent pas certains dirigeant de l'otan, pour anecdote on a bien envisager de vendre des armes a la Libye sans que cela ne créer une quelconque protestation deux poids deux mesures.

En ce qui concerne les ventes d'armes dit sensibles il faut savoir qu'en France tout cela était gérer par une commission et cela pouvait prendre 11 mois
mais Sarkozy a créer ce qu'il appelle une war-room sur le modèle américain et réduits le délai de la prise de décision a 3 mois.

pour anecdote aussi au début des années 80 la france avait vendu a l'argentine le missile air-mer exocet et lors de la guerre des malouines opposant anglais et argentins ces derniers ont utiliser le missile exocet contre les anglais envoyant par le fond plusieurs bâtiments de guerre anglais. oups!!! Rolling Eyes
quand on vous dit que nous autre français on fait du bon matériel

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