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Citizen Lebedev - Piotr SMOLAR

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Message  Vivre Enrussie Lun 11 Jan 2010 - 18:12

11/01/10 -
Lorsque le négligé est étudié, il faut chercher le message. Voici que, d'un pas sportif, Alexander Lebedev accède au 2e étage de son restaurant japonais favori, situé sur une des artères les plus renommées de Londres, dans le West End. Décor dépouillé, baguettes dans une main pour saisir la chair de homard, BlackBerry dans l'autre : ici, le dress code est classique, costume sur mesure et chaussures fuselées au cuir éclatant. L'homme d'affaires russe, lui, arbore des tennis et un pantalon de treillis militaire. Lorsque le photographe l'interpelle pour la pose, une ombre passe sur le visage du milliardaire, âgé de 50 ans. "Je ne suis pas bien habillé pour la photo !"On a compris le message. Alexander Lebedev ne veut pas être confondu avec les autres milliardaires russes. Pas de vulgarité, de dépenses inconsidérées, de club de football en guise de danseuse. Un homme affable, anticonformiste, avec une conscience. Son engagement récent : acheter des journaux. Pour l'argent ? Personne ne sait, tant le pari semble risqué.

En acquérant pour 1 livre sterling, en janvier 2009, l'Evening Standard, une institution de la presse britannique en plein marasme, Alexander Lebedev a surpris. Son calcul consiste à distribuer gratuitement un journal de qualité ; à ne pas se contenter de production médiocre, comme la plupart des titres de cette nature. "C'est une idée révolutionnaire, s'enthousiasme Geordie Greig, le rédacteur en chef recruté par Alexander Lebedev. Nous avons un plan sur trois ans pour parvenir à l'équilibre. Mais nous avons déjà un énorme soutien des annonceurs."
Le journal veut profiter de la fermeture de deux autres gratuits, dont le London Lite, pour occuper seul le terrain. Il s'est séparé de 20 journalistes sur 180. "Il y a un an, on tirait à 230 000 exemplaires, dit M. Lebedev. On en est à 600 000. Il en manque sans doute 150 000 pour couvrir tout Londres."
On l'interroge sur la viabilité de ce modèle, qui l'a déjà conduit à dépenser 26 millions de livres (28,9 millions d'euros) pour faire face à la crise, en attendant 30 autres, selon ses estimations. "Il est prématuré de faire des prévisions, dit-il. Mon rôle est de financer. Je ne me mêle pas du contenu, tant que c'est impartial et de qualité." Le quotidien The Independent, autre titre historique en pleine crise, se trouve aussi dans sa ligne de mire. Certains spécialistes estiment que son éventuelle transformation en gratuit menacerait la viabilité des autres journaux.
Alexander Lebedev et la presse : une histoire ancienne, qui a commencé à Londres, en 1987, lorsqu'il travaillait comme lieutenant-colonel du KGB au sein de l'ambassade soviétique. "J'étais au département extérieur, rien à voir avec le reste du service", insiste-t-il, pour prendre ses distances avec les crimes du passé. Selon l'insipide version officielle, il y aurait passé son temps à lire les journaux britanniques, introuvables en Russie. Sa couverture : conseiller économique.
Aujourd'hui, toujours entre deux avions, Alexander Lebedev "défend le droit de dire la vérité". Selon ce fils d'enseignants, appartenant à la Nomenklatura moscovite cultivée, "le journalisme peut être de la vraie littérature". Visiblement, ce n'était pas le cas lorsqu'il dirigeait le Moscovski Korrespondent, qu'il a décidé de fermer en 2008, après un article sulfureux sur une liaison supposée entre Vladimir Poutine et une gymnaste. Mais il est surtout, depuis 1996, le "sponsor" de l'excellent hebdomadaire russe d'investigation Novaïa Gazeta, dont il possède 39 % des parts, où travaillait la journaliste Anna Politkovskaïa, avant d'être assassinée. Il a offert une récompense de 1 million de dollars pour l'arrestation de ses tueurs. "Lebedev est un humaniste éclairé et antistalinien, un Russe européen polyglotte, une espèce rare", résume le directeur de la rédaction, Dmitri Mouratov.
Son rapport au pouvoir russe n'en reste pas moins ambigu. "Lebedev a toujours joué sur son image libérale, alors qu'il a été soutenu par des conservateurs, comme Viktor Tchernomyrdine (premier ministre entre 1992 et 1998 après avoir dirigé le géant gazier Gazprom) ", explique un ancien partenaire en affaires. Aujourd'hui, le milliardaire - dont près des deux tiers de la fortune auraient fondu pendant la crise - réserve ses flèches empoisonnées au maire de Moscou, Youri Loujkov. Il le brocarde à coups de notes vengeresses sur son blog.
En revanche, face au pouvoir fédéral, Alexander Lebedev se contente de généralités. II critique le "système" des organes de sécurité, "à moitié staliniens", qu'il faut "démembrer", mais ne cite pas leur principal organisateur, Vladimir Poutine. On lui fait la remarque. Ça l'énerve. "J'essaie de convaincre le pouvoir au lieu de m'opposer frontalement", rétorque-t-il. "On se dispute souvent. Parfois, on ne se parle plus pendant deux mois, explique Dmitri Mouratov. On a une divergence majeure. Lui pense que la bureaucratie empêche Poutine de réformer le pays. Nous, nous estimons que Poutine a créé cette bureaucratie."
On sait, depuis l'incarcération de l'ancien patron de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, que les milliardaires russes sont priés de se tenir à l'écart de la politique. Alexander Lebedev a tenté d'y goûter. Candidat malheureux à la mairie de Moscou en 2003, puis député à la Douma, il se lance en 2008 dans la course à la mairie de Sotchi, ville balnéaire qui accueillera les Jeux olympiques d'hiver en 2014. On ne l'a même pas laissé concourir. Aujourd'hui, il réfléchit à un autre mode d'action, à la création d'un mouvement civique qu'il animerait avec Mikhaïl Gorbatchev. Le père de la perestroïka "est son modèle et son gourou", résume le journaliste Geordie Greig.
Président de la National Reserve Bank (NRB), Alexander Lebedev a fait fortune grâce à la renégociation des dettes extérieures de la Russie, dans les années 1990. Il possède 28 % de la compagnie d'aviation Aeroflot et moins de 1 % de Gazprom. Ses investissements vont du secteur hôtelier en Italie à l'aéronautique en Allemagne. Il revient tout juste du Botswana, où il veut acheter des terres pour y organiser des safaris. Enfin, il n'est pas peu fier de se poser en "plus grand producteur de pommes de terre en Europe", à la tête de 45 000 hectares de champs en Russie et en Ukraine.
A Londres, il organise un bal annuel de charité au nom de la Fondation Raïssa-Gorbatchev, qu'il préside. Il a fait construire un centre médical de pointe pour soigner les enfants malades de cancers, à Saint-Pétersbourg. Son fils Evgeni, 29 ans, partenaire en affaires, met à disposition un carnet mondain impressionnant pour mobiliser les donateurs. Beau gosse barbu à la réputation de fêtard, il papillonne entre l'art contemporain, la mode et le théâtre.
Alexander Lebedev a aussi créé un centre culturel russe au château des Forgets, à L'Isle-Adam, près de Paris, qu'il a fait entièrement restaurer par le décorateur Jacques Garcia. Il aimerait qu'on lui en soit reconnaissant, côté français, et regrette "le manque d'attention pour le château. J'y ai fait venir le dramaturge Piotr Fiomenko, le violoniste Rostropovitch ou encore Fanny Ardant à l'occasion d'un dîner en l'honneur de Gorbatchev." Pour plus d'écho, il faudrait peut-être acheter un journal français...

"Je ne me mêle pas du contenu, tant que c'est impartial et de qualité." Piotr et Marie doivent etre contents ce n'est pas demain qu'il va racheter Le Monde...

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Message  Invité Lun 11 Jan 2010 - 21:15

L'article est mesuré et donne une assez bonne image du principal intéressé ....

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Message  Vivre Enrussie Lun 11 Jan 2010 - 21:29

Saville a écrit:L'article est mesuré et donne une assez bonne image du principal intéressé ....

Pour plus d'écho, il faudrait peut-être acheter un journal français...

Il ne manquerait plus qu'il rachete LeMonde...

Mais je ne me fais pas de soucis pour Marie et Piotr les girouettes vont toujours dans le sens du vent...

(ps: quand elles ne sont pas grippees par la rouille.)

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