Les entreprises françaises sur le podium de Sotchi - Par Géraldine Russell
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Les entreprises françaises sur le podium de Sotchi - Par Géraldine Russell
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Géraldine ne porte pas les mêmes lunettes que Pierre Avril et c'est tant mieux...
Des études de potentiel aux systèmes d'information, la France a contribué à toutes les étapes d'aménagement des sites olympiques russes. Une victoire pour les entreprises hexagonales qui ont fait le choix d'une représentation collective pour gagner en visibilité.
La France sera-t-elle la grande gagnante des Jeux de Sotchi? S'il faudra attendre le tableau des médailles pour s'assurer une consécration sportive, l'Hexagone brille déjà en coulisses. Alors que les JO russes ont été décriés pour leur coût -le plus élevé de l'histoire olympique, de nombreuses entreprises françaises ont été sollicitées pour contribuer à ce chantier titanesque. Ambassadrices du savoir-faire français dans l'industrie comme dans les nouvelles technologies, elles se sont imposées comme des acteurs incontournables de Sotchi 2014.
Certaines ont commencé à travailler sur les JO très tôt, sans même le savoir. Le bureau d'études Géode a ainsi été appelé à Sotchi dès 1997. Lors d'un salon de l'aménagement de la montagne, l'entreprise chambérienne croise le chemin d'un entrepreneur qui espère pouvoir développer une station dans la vallée de Krasnaya Polyana. Géode réalise les premières études sur le site et décèle le potentiel de développement de cette vallée. «Nous avons parcouru la vallée pour identifier des sites exploitables», raconte Frédéric Gaymard, directeur associé de Géode. L'étude publiée par l'entreprise après ces voyages de reconnaissance cible plusieurs sites, aujourd'hui tous utilisés pour les Jeux.
La France livre des stations clé en main
La présence de Géode dans le Caucase russe n'est pas une coïncidence. L'entreprise faisait à l'époque partie de l'association France-Neige international, chargée de promouvoir à l'international le savoir-faire français dans le domaine de la montagne. Fusionnée avec le Cluster des industries de la montagne, elle devient le Cluster montagne en 2012. «La France est présente en Russie depuis plus de 30 ans, explique Benoît Robert, son directeur. L'ingénierie française et les bureaux d'études travaillent tous avec le même intermédiaire.» Gorimpex, une société russe basée en France, assure ainsi dans son pays d'origine la représentation des entreprises hexagonales.
Une stratégie rendue nécessaire par les liens étroits entretenus par d'autres entreprises européennes avec la Russie. L'Autriche s'est notamment illustrée en reprenant les rênes de Géode à la faveur d'un appel d'offres puis en se voyant confier la plupart des installations des remontées mécaniques sur les sites olympiques. Doppelmayr a construit 40 téléphériques dans la vallée, dont le plus long et le plus rapide au monde. Une prouesse technique qui ferait presque oublier celle de Poma, pourtant leader mondial du téléphérique, qui avait équipé en 2012 l'une des cinq montagnes sacrées chinoises et qui n'a pris en charge la construction que de 16 remontées à Sotchi.
Mais ce revers cache en fait la force du collectif entrepreneurial français. «Nous ne misons pas sur un seul filon, explique Benoît Robert. La spécificité française réside dans notre présence à toutes les étapes de l'aménagement. Nous livrons des stations clés en main.» Depuis les études de potentiel jusqu'aux systèmes d'information, en passant par la sécurité et l'enneigement, les entreprises françaises ont été des rouages majeurs des chantiers de Sotchi. La Compagnie des Alpes a même récupéré l'exploitation de la station de Rosa Khutor après en avoir supervisé le développement.
S'ouvrir à l'export dans les pays de l'Est
Le comité olympique fait depuis longtemps confiance à des entreprises françaises. Après avoir contribué pendant dix ans aux différents systèmes d'information des Jeux, Atos est devenu en 2002 le partenaire informatique privilégié du CIO. Comme à Londres en 2012, la société supervisera tout au long de la quinzaine le consortium des partenaires informatiques olympiques. «Nous nous chargeons de produire les résultats des compétitions. Cette année, c'est plus de six milliards d'appareils connectés qui recevront les informations sur les Jeux», se réjouit Marc Meyer, directeur de la communication et des talents chez Atos. Une prouesse technique louée par l'ancien président du CIO, Jacques Rogge, qui voit en l'entreprise française «le héros méconnu» des Jeux.
Comme Atos, Lumiplan a elle aussi gagné ses galons au fur et à mesure de ses contributions olympiques. La société savoyarde avait notamment pris en charge les systèmes d'information des Jeux d'Albertville en 1992. Plus de vingt ans plus tard, elle a créé l'application officielle de la station de Rosa Khutor et a équipé celle-ci en plans et écrans interactifs. «Nous détenons 90%du marché français. Sotchi nous donne l'occasion de nous ouvrir à l'export dans les pays de l'Est», précise Patrick Grand'Eury, directeur général de Lumiplan Montagne. Les JO représentent également une opportunité unique pour les entreprises de montrer leurs produits les plus haut-de-gamme. «Les Jeux libèrent une manne budgétaire, souligne Patrick Grand'Eury. Ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion d'équiper une station de A à Z!»
Une école de l'excellence
L'expérience olympique a ainsi «un impact sur l'image de marque» des entreprises qui ont la chance d'y participer. «C'est un gage de sérieux, de qualité et de crédibilité», confirme Patrick Grand'Eury. Marc Meyer insiste lui aussi sur la «formidable carte de visite» que constitue une contribution aux Jeux. «Ils mobilisent des savoir-faire extrêmement pointus. C'est une véritable école de l'excellence.» Une formation dont Atos a fait «un métier en soi», puisque l'entreprise met aujourd'hui ses compétences à la disposition de nombreux grands événements sportifs, comme pour les Jeux panaméricains qui auront lieu à Toronto en 2015.
Si les Jeux ne constituent pas un objectif en soi pour les entreprises qui ne peuvent compter sur ces seuls contrats, ils restent une vitrine dont elles sont friandes. Après avoir goûté à l'aventure olympique, elles espèrent prendre à nouveau part aux prochains Jeux. Géode, présent dans les pays de l'Est, suit avec intérêt les candidatures de villes polonaise, ukrainienne mais aussi kazakhe à l'organisation des Jeux de 2022. Bien qu'il soit encore «trop tôt» pour Lumiplan pour se positionner pour les Jeux de 2018 à Pyeongchang, l'entreprise s'intéresse au dossier. MND, dont trois sociétés ont travaillé sur les chantiers olympiques de Sotchi, est sur la short-list des entreprises pressenties pour fournir la neige de culture en 2018. Atos a quant à elle déjà envoyé des équipes à Rio en vue des Jeux de 2016, renouvelée en décembre dernier jusqu'en 2024 comme partenaire officiel.
Pour mettre toutes les chances du côté de l'Hexagone, le Cluster montagne aide ses membres à se tourner vers les marchés émergents, notamment la Chine et l'Asie centrale qui connaissent une forte croissance dans le secteur de la montagne. Un coup de pouce apprécié par les entreprises françaises, qui peuvent désormais parler d'une unique voix, à l'instar de leurs homologues autrichiennes qui ont depuis longtemps l'habitude de «chasser en meute». «Le véritable challenge aujourd'hui, c'est d'appréhender les marchés internationaux, acquiesce Patrick Grand'Eury. Pour cela, il faut savoir jouer collectif.» Roland Didier, directeur général du groupe MND confirme que «le travail en équipe est essentiel à l'export». «Quand nous visons des marchés internationaux, nous ne sommes plus concurrents, nous sommes partenaires, explique-t-il. Nos corps de métier sont complémentaires, un peu comme une Équipe de France des entreprises.» Qui espère bien aller chercher l'or à Pyeongchang.
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