Khodorkovski prend 14 ans comme prévu - HÉLÈNE DESPIC-POPOVIC

C’est finalement quatorze ans que Mikhaïl Khodorkovski, le magnat déchu du pétrole, et son ancien adjoint, Platon Lebedev, passeront en camp pénitentiaire. Ainsi en a jugé, jeudi, la cour de Khamovni, à Moscou, où les deux hommes, déjà condamnés en 2005 à huit ans de prison, comparaissaient depuis mars 2009 pour le vol de millions de tonnes de pétrole extraites par leur compagnie, Ioukos, à la fin des années 90. La cour a ainsi suivi le réquisitoire du parquet qui avait demandé quatorze ans contre les deux hommes, une peine qui court à partir de leur arrestation pour fraude fiscale en 2003.

Arbitraire. Lundi, la cour les avait proclamé coupables de vol et blanchiment d’argent. Seuls les plus incorrigibles optimistes croyaient encore que le juge allait prendre ses distances à l’égard du procureur ou que la loi allait l’emporter sur l’arbitraire. Longtemps, l’opinion russe a voulu croire que les jeux n’étaient pas faits. Le président Dmitri Medvedev, qui se pique de réformer la justice, n’avait-il pas dit qu’il était souhaitable que des hommes d’affaires mis en cause par la justice puissent se défendre en prévenus libres ? Le débat était tranché depuis que le Premier ministre, Vladimir Poutine, qui rêve de retrouver son siège de président, avait lancé le 16 décembre : «La place des voleurs est en prison.»

«Le seul objet de cette mise en scène, souligne la chercheuse Marie Mendras, du Ceri-Sciences-Po, était de s’assurer que Mikhaïl Khodorkovski reste emprisonné en Sibérie encore plusieurs années, c’est fait. Les autorités russes s’acharnent sur Khodorkovski, elles y perdent encore en crédibilité à l’étranger, tout particulièrement le président Medvedev, mais le pouvoir russe préfère susciter la crainte que la confiance.» Quant aux milieux d’affaires, ils déploreront une nouvelle occasion perdue de rassurer les investisseurs.

«La sentence a été dictée sous la pression de l’exécutif, dirigé comme auparavant par Poutine», a commenté un des avocats de la défense, Iouri Schmidt. L’aspect politique de ce procès n’échappe plus à personne. L’ex-oligarque qui avait fait de sa firme la quatrième mondiale, n’est pas un dissident : jeune loup de la finance, il s’était converti à la bonne gouvernance économique au fil des années. Mais il est aujourd’hui un symbole : celui de la victime de l’arbitraire du pouvoir, incarné par Poutine et ses proches, issus des services de sécurité de l’Etat passés et présents. Le simple fait de prononcer une nouvelle condamnation contre une personne déjà éligible à la liberté sur parole ne peut que rappeler les sombres heures du goulag où celui qui entrait en camp ne savait pas quand il allait en sortir.

«Test décisif». «Ce n’est pas un verdict contre Khodorkovski, mais un verdict contre notre système judiciaire et politique», a souligné jeudi le militant des droits de l’homme Lev Ponomarev. Le président du Parlement européen, le Polonais Jerzy Buzek, lui a fait écho : «Je suis très déçu. Les procès contre Mikhaïl Khodorkovski ont été le test décisif de la façon dont l’Etat de droit et les droits de l’homme sont traités dans la Russie d’aujourd’hui.»

alexei (97) -
Il y a un mois j'étais pour sa libération, pour appaiser les esprits...
Aujourd'hui, voyant l'ingérence hostile des bienfaiteurs étrangers, j'estime qu'il mérite 130ans de prison, la pratique courante chez notre professeur de démocratie.. Il est clair, comme l'eau de roche, que pour privatiser quart du pétrole russe à partir de rien, à cette époque sanglante, il a du passer par tous les crimes reprochés et plus encore, beaucoup plus. Je comprends la position de sa famille, le reste de sa fortune, chez Rothshild, n'est plus ce qu'elle été, mais je ne comprends pas l'hostilité à toute épreuve de l'Ouest envers la Russie. Au lieu d'exiger de punir d'autres milliardaires douteux, on réclame la liberté pour le seul que la loi a rattrapé. Et toutes ces discussions sur l'aide apporté à l'opposition c'est du vent, il cherchait à s'imposer en politique et faire du lobbying de ces machinations. Qu'il y reste là ou il est...

legrosjuiflibanais (252)
C'est reparti
l'éternelle condamnation de la justice sous d'autres cieux alors que les affaires Woerth, Karachi, emplois fictifs de Paris, Cleartream, ... sont toujours d'actualité.
Que fait la justice ici pour que la vérité éclate?
Khodorovski a bien profité du système au lendemain de l'effondrement de l'empire soviétique. Dans ce cas, il aurait du comme les autres oligarques choisir le bon camp pour s'assurer la pérennité de ses acquis sociaux.
Non, monsieur voulait jouer les arbitres de la vie politique en Russie en se permettant de non seulement critiquer Poutine mais de financer l'opposition sans le cacher.
Il montrait donc à qui voulait le savoir qu'il voulait abattre Poutine politiquement, puisque si t'es pas avec Poutine, t'es contre lui.
Poutine est incontestablement l'Homme Fort de Russie.
Quand Khodorosvski va se repentir de ses péchés, il bénéficiera de la clémence du cheer Vladmir.
C'est comme ça partout, la différence c'est qu'en Russie ou en Chine, ils sont moins hypocrites.
En occident, on critique systématiquement un procès dans les pays jugés "non démocratiques" alors qu'ici même des casseroles existent et sont très bruyantes.

Vive Poutine !!!!
Jeudi 30 décembre à 17h45