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La Russie demande sa main à l’Europe - Par BERNARD GUETTA

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La Russie demande sa main à l’Europe - Par BERNARD GUETTA Empty La Russie demande sa main à l’Europe - Par BERNARD GUETTA

Message  Vivre Enrussie Jeu 23 Sep 2010 - 8:13

22/09/2010 - http://www.liberation.fr/monde/01012291587-la-russie-demande-sa-main-a-l-europe

Une étape après l’autre, obstinément, méthodiquement, la Russie courtise l’Europe au point de lui avoir, maintenant, proposé le mariage, une «alliance», dit-elle, en bonne et due forme. Discrètes, ses premières avancent remontent à la campagne présidentielle de Dmitri Medvedev dont le thème dominant avait été que son pays était l’une des trois composantes de la «civilisation européenne», aux côtés des Etats-Unis et de l’Union européenne. Il avait, ensuite, creusé le sillon en martelant, à chaque discours, que la Russie devait combler son retard technologique, combattre sa corruption, marcher vers l’Etat de droit, s’européaniser, en un mot.

Le problème est que, pour séduire l’Union européenne, Moscou devait, d’abord, vaincre l’hostilité de la Pologne qui, rayée de la carte par la Russie au XIXe siècle et intégrée de force au bloc soviétique après-guerre, avait toutes les raisons de se méfier d’un voisin qui lui a fait tant de mal. C’est Vladimir Poutine, devenu Premier ministre, qui s’en était chargé en invitant, en avril dernier, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, à une commémoration commune du massacre de Katyn. Par ce geste, la Russie reconnaissait définitivement que c’était bien elle qui avait procédé, en 1940, à l’assassinat de plus de 20 000 officiers polonais dans cette forêt des environs de Smolensk. Elle demandait pardon de ce crime où se mêlent la négation de la Pologne par l’empire russe et son asservissement par l’URSS. Elle disait que c’était bien ses deux têtes actuelles et non pas seulement la plus avenante d’entre elles, Dmitri Medvedev, qui voulaient ouvrir une nouvelle page avec Varsovie et elle y est parvenue.

Entre la Pologne et la Russie, les relations ne cessent plus, depuis, de se détendre. Il n’y a plus de veto polonais à une coopération entre l’Union européenne et la Fédération de Russie, à une négociation de ce tournant majeur des relations internationales que le rapport Karaganov vient d’appeler de ses vœux.

Massif et tout sourire, parfaitemant anglophone et très lié aux plus influents des diplomates, journalistes et universitaires européens et américains, Sergueï Karaganov est l’intellectuel de la diplomatie russe. Président du Conseil de politique étrangère et de défense, il a publié la semaine dernière, avec quatre autres figures de l’aristocratie politique moscovite, un long manifeste appelant à la constitution d’une «alliance de l’Europe». La Russie joue, désormais, cartes sur table. Elle a formulé son offre, fait sa demande en mariage, et son idée maîtresse est que la Fédération et l’Union pourraient et devraient enrayer leurs déclins relatifs en unissant leurs forces dans l’organisation du continent Europe autour de leur alliance.

Cette proposition est tellement ambitieuse et brûle tant les étapes qu’elle rappelle trop les tentatives soviétiques de «découplage» des Etats-Unis et de l’Europe. Elle peut, donc, inquiéter mais ce parfum d’antan ne devrait pas faire oublier que la Russie contemporaine n’a plus peur de l’Amérique mais de l’affirmation de la Chine et des bouillonnements du monde islamique, que c’est à l’ensemble de l’Occident qu’elle voudrait s’arrimer pour les parer et que l’état de son économie le lui commande.

Tant que la Russie restera le contraire d’une démocratie, l’Union européenne ne peut pas envisager de s’allier à elle mais il est vrai que leur intérêt commun serait de développer un partenariat économique qui pourrait être porteur d’évolutions politiques prometteuses.

La Fédération a les matières premières dont l’Union manque et l’Union, la technologie dont la Russie a besoin. Entre elles, il n’y a pas de compétition mais une complémentarité dont l’organisation devrait et pourrait être fondée sur des règles commerciales et un droit des affaires qui marqueraient un pas dans l’établissement d’un état de droit en Russie.

Non seulement un tel partenariat renforcerait vite les économies de l’Union et de la Fédération, des deux piliers du continent, non seulement il donnerait la main aux deux forces russes qui aspirent à une évolution démocratique, aux milieux d’affaires et aux classes moyennes, mais il obligerait, aussi, l’Union à resserrer ses rangs.

Face au défi d’une négociation d’ampleur avec la Russie, les Vingt-Sept seraient contraints d’accélérer l’harmonisation de leurs politiques économiques et de leurs diplomaties et trouveraient, là, le nouvel horizon vers lequel concentrer et mobiliser leurs forces. En quête de l’ambition nouvelle qui la sortirait de son malaise et ressouderait ses rangs, l’Union se donnerait l’occasion d’un rebond en prenant aux mots la Russie, en tentant, avec elle, de construire, enrichir et stabiliser l’Europe, leur continent commun.

Cela change des articles de Dorman et que dire de celui de Smolar:
https://vivreenrussie.1fr1.net/la-russie-selon-le-monde-f30/un-pas-en-avant-un-pas-en-arriere-pour-la-diplomatie-russe-piotr-smolar-t3880.htm#8953

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