Poutine, le Premier ministre qui veut redevenir président en 2012 - Herve Favre

Le Premier ministre Vladimir Poutine est aujourd'hui reçu par Nicolas Sarkozy à l'Élysée. ...

Pour la kremlinologue Hélène Blanc, il reste le vrai patron de la Russie !

- Entre le président Medvedev et le premier ministre Poutine, la hiérarchie est inversée ?
« Il est évident qu'on accueille aujourd'hui le vrai patron de la Russie, qui commence sa campagne présidentielle pour 2012 en faisant la tournée des capitales. Dans notre livre (1), Renata Lesnik et moi appelons Medvedev « l'intermittent du spectacle du Kremlin ». Il chauffe la place pour Poutine et comme la Constitution a porté le mandat présidentiel à six ans, celui-ci pourra revenir pour 12 ans ! Il n'aura alors que 69 ans. »

- Medvedev ne peut-il pas devenir un rival ?
« Je ne le pense pas. Il peut avoir envie d'exister en tant que président et avoir des idées plus libérales pour son pays mais Poutine a fait en sorte qu'il soit en liberté surveillée. À chaque fois qu'il parle des droits de l'homme ou de la corruption, ses annonces ne sont suivies d'aucune mesure. Il est président depuis deux ans et demi. Qu'a-t-il fait d'important contre les abus du pouvoir ? La société russe est de plus en plus violente. »

- Poutine est-il aussi populaire chez lui qu'on le dit ?
« Anna Politkovskaïa rappelait que les sondages (*) n'étaient pas plus fiables aujourd'hui que sous l'URSS. Mais il est vrai que les Russes aiment bien avoir un patron fort. Ce n'était plus le cas à la fin du règne d'Eltsine, terminé dans le chaos total. Poutine c'est l'antithèse. Il est jeune, ne boit pas et fait du sport. En surfant sur la vague du patriotisme, il a redonné aux Russes une fierté nationale. Cela explique une popularité que le personnage ne mérite pas ! »

- La France espère vendre des porte-hélicoptères à la Russie... « Armer la Russie de Poutine me paraît imprudent et inconséquent. De tous les côtés, on nous met en garde mais on fait la sourde oreille parce qu'on a besoin des devises de ventes d'armes. »

- Faut-il craindre un nouvel impérialisme ruse ?
« L'Occident fait mine d'ignorer les ambitions démesurées dont Poutine ne se cache pas. Il n'a jamais digéré la fin de l'URSS et veut reconstruire un mini empire en mettant à la tête de la Géorgie ou de la Moldavie des présidents à sa botte comme il a réussi en Ukraine. Quand il s'occupe des républiques slaves, on peut encore comprendre mais la Géorgie et la Moldavie n'ont rien de slave. Ce sont des pays latins On peut vraiment parler de néo-impérialisme.

The number of Russians who said they had confidence in Putin slid to 61 percent on June 6, the lowest level since April 2007, according to the poll by the Public Opinion Foundation.