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Russie : anatomie d'un dégel diplomatique - Marie Jego

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Russie : anatomie d'un dégel diplomatique - Marie Jego Empty Russie : anatomie d'un dégel diplomatique - Marie Jego

Message  Vivre Enrussie Mar 18 Mai 2010 - 18:35

18/05/2010 - http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/05/18/russie-anatomie-d-un-degel-diplomatique_1353411_3232.html

L'éternel dilemme de la Russie - est-elle d'Europe ou bien d'Eurasie ? - vient de trouver un élément de réponse avec la publication d'une nouvelle doctrine de politique étrangère. Publié intégralement sur le site du magazine russe Newsweek (www. runewsweek.ru), le document "confidentiel", explique l'hebdomadaire, fait du renforcement des liens avec l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis la nouvelle priorité.

Fini les rodomontades eurasiennes, les rêves slavophiles d'une "Moscou IIIe Rome" héritière de Byzance, la Russie, crise économique oblige, se vit comme européenne. Renonçant à voir le monde sous le prisme des relations "amis-ennemis", la Fédération russe renoncerait-elle à ses ambitions impériales pour se laisser guider par ses intérêts économiques ?

Avec l'Union européenne, partenaire privilégiée, il s'agit de mettre en place un "projet pilote d'alliance pour la modernisation". Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Grâce à la "relance" en cours depuis l'arrivée de Barack Obama au pouvoir, Moscou veut parvenir à mettre fin aux restrictions en vigueur aux Etats-Unis sur les transferts de technologies.

Plus étonnant encore, la Chine y est décrite comme un acteur dont les ambitions doivent être limitées, "les Chinois ayant plus besoin de notre aide que nous de la leur ", dit le document.

C'est une vraie révolution ! Elaborée par un groupe de diplomates russes, la doctrine rompt avec la vision antagoniste du monde qui prévalait depuis l'arrivée au Kremlin de Vladimir Poutine, en 2000. L'homme fort de la Russie était prompt à décrire son pays comme une forteresse assiégée et prête à en découdre, comme ce fut le cas au moment de la guerre russo-géorgienne d'août 2008.

A première vue, cette doctrine s'inscrit dans le projet de "modernisation" de la Russie caressé par le président Dmitri Medvedev, champion du parler-vrai. En novembre 2009, n'avait-il pas décrit la Russie comme un Etat "arriéré et corrompu", doté d'une "économie primitive" et d'une "démocratie faible" ? Depuis, une petite musique douce ne cesse d'émaner des tours du Kremlin.

Le 7 mai, à deux jours de la célébration du 65e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie, M. Medvedev a fustigé le régime "totalitaire" de l'URSS et les crimes "impardonnables" de Staline. "Ce qu'il a fait à son propre peuple ne peut être pardonné", a-t-il confié au quotidien Izvestia.

Une condamnation d'autant plus surprenante qu'elle s'inscrivait en porte-à-faux avec le dessein de Iouri Loujkov, le maire de Moscou, de faire afficher un peu partout dans la capitale des portraits du Petit Père des peuples. Certes, les affiches à la gloire de Staline ont fleuri au moment du 9 mai, à Saint-Pétersbourg, à Vladivostok, à Omsk, à Tomsk... Mais, à Moscou, Staline s'est fait discret alors que défilaient sur la place Rouge, une première, des troupes étrangères (françaises, américaines, britanniques, polonaises).

Et puis les relations russo-polonaises sont devenues cordiales. L'heure est à la diplomatie "de la catastrophe aérienne" pour la Russie et la Pologne, en pleine réconciliation compassionnelle depuis la mort tragique du président polonais, Lech Kaczynski, dans le crash de son avion, le 10 avril. Et qu'importe si les documents sur Katyn (le massacre de milliers d'officiers polonais par l'Armée rouge en 1940) transmis en grande pompe tout récemment par M. Medvedev au président par intérim, Bronislaw Komorovski, n'apportent rien de nouveau. La détente est bien là.

Quelles sont les raisons de cette nouvelle politique ? Les commentateurs russes en avancent mille. La plus communément admise est celle-ci : durement touchée par la crise économique mondiale, la Russie, fragilisée, en 2009, par la chute de son PIB (- 7,9 %) et la forte diminution des investissements étrangers, réalise qu'elle ne pourra réaliser ses ambitions globales sans l'aide des pays occidentaux.

Pour Dmitri Trénine, directeur du centre Carnegie de Moscou, "la Russie n'a pas ce qu'il faut pour être une force politique et économique majeure et globale du XXIe siècle. Une relative abondance énergétique et un arsenal nucléaire ne suffisent pas. Le Kremlin est forcé d'admettre que la Russie ne pourra se moderniser par ses propres moyens. Ce qu'il lui faut, c'est des investissements et un partenariat économique fort avec l'Occident".

Oubliez l'idée que cette nouvelle donne est une façon pour M. Medvedev de se distancier de son mentor Vladimir Poutine en vue de la présidentielle de 2012. La nouvelle ligne politique, guidée par des considérations de survie, n'est pas du seul ressort de M. Medvedev. Cette fois-ci, l'aigle à deux têtes parle d'une seule voix.

Il est vrai que M. Medvedev, comme l'explique la presse, peine à sortir de son rôle de "Siméon Bekboulatovitch", ce grand prince tatar converti à l'orthodoxie qu'Ivan le Terrible, pour une obscure raison, installa au Kremlin pendant un an (de 1575 à 1576), avant de reprendre la main et de l'envoyer se recueillir dans un monastère. Siméon ne fit rien d'autre que de garder la place en vue du retour de son maître.

Pour M. Medvedev, c'est un peu différent. Selon Nikolaï Petrov, du centre Carnegie de Moscou, sa tâche essentielle est de "garder le pouvoir pour Poutine". "Il doit améliorer l'image du pays et envoyer des signaux positifs, telle est sa raison d'être", écrit-il.

La Russie n'a pas renoncé à son rôle de grande puissance, mais elle cherche à le réaliser de façon plus efficace, entre autres par l'acquisition d'actifs industriels et énergétiques dans les Etats de l'ex-URSS. Dans la nouvelle doctrine, les Etats baltes sont décrits comme une zone propice, "où les biens nationaux sont sérieusement dévalués", et qui ne constitue plus "un investissement attirant pour les Etats membres de l'UE".

Soucieux de faire oublier les griefs passés - l'occupation de 30 % de la Géorgie depuis août 2008 -, le tandem au pouvoir veut peser de tout son poids dans la nouvelle architecture européenne de sécurité. C'est le message qu'il a voulu faire passer en organisant une commémoration grandiose de la victoire sur l'Allemagne nazie, le 9 mai, à Moscou. La Russie veut apparaître comme un Etat "libérateur" et "stabilisateur" sur le Vieux Continent. Faut-il la croire sur parole ?

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