Ukraine-Russie : l'autre guerre psychologique - Par Sylvie Kauffmann
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Ukraine-Russie : l'autre guerre psychologique - Par Sylvie Kauffmann
http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/03/31/ukraine-russie-l-autre-guerre-psychologique_4392551_3232.html
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Il y a dix jours, Pavlo Cheremeta, le nouveau ministre de l'économie ukrainien, a pris l'avion pour Donetsk, dans l'est du pays. Pour un ministre normal d'un pays normal, le déplacement « en région » fait partie du quotidien. Pour un membre du gouvernement intérimaire de Kiev, issu de la révolution qui a renversé le président Ianoukovitch, un voyage officiel dans l'Est est une initiative audacieuse : c'est là, dans ces régions limitrophes de la Russie, majoritairement peuplées de russophones, qu'est concentrée l'hostilité à EuroMaïdan, le mouvement d'où tout est parti.
L'Est ukrainien, c'est le berceau de la contre-révolution, attisée par l'agitation de Moscou, les poussées de fièvre déstabilisatrices et le spectre des troupes russes en « manoeuvre » de l'autre côté de la frontière.
« Pour nous, c'est la région la plus vulnérable, politiquement et économiquement, nous explique le ministre, de retour à Kiev. C'est pour ça que j'y suis allé. Pour parler aux gens, les écouter, leur dire qui nous sommes et ce que nous voulons faire. Parce que la télévision et la propagande russes ont créé tellement de mythes sur notre gouvernement… »
A vrai dire, les gens de Donetsk ne lui ont pas fait mauvais accueil. Meilleur, dit en riant cet universitaire de 43 ans, diplômé d'un MBA américain, qu'à Lviv, sa ville natale, où il vient de tenir d'autres réunions. Là, dans cette ville de l'Ouest qui a été l'avant-garde de Maïdan, « la population est très remontée, elle veut des changements radicaux, tout de suite ».
Tandis qu'à Donetsk, « les gens s'attendaient à voir une sorte de nazi, un fasciste, une créature… Et me voilà, je leur parle en russe, je leur explique que j'enseigne aussi à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Kaliningrad, que j'ai des amis russes et que je me suis entretenu au téléphone avec mon collègue russe, le ministre Alexeï Oulioukaïev, que j'ai appelé quelques jours après ma nomination ».
INTOXICATION, DÉSINFORMATION, MANIPULATION, PROVOCATION
C'est, en effet, un moyen assez simple de contrer la propagande : aller sur place, démonter les contre-vérités. Si simple que l'on s'étonne que tout le gouvernement, à commencer par le premier ministre, Arseni Iatseniouk lui-même, ne fasse pas le déplacement à Donetsk et à Kharkiv.
Installées dans l'urgence, pour combler le vide du pouvoir créé par la fuite de Viktor Ianoukovitch le 21 février et sa destitution par le Parlement, les autorités de Kiev ont été prises de court par les ravages de la machine de propagande russe.
Parallèlement à l'occupation militaire qui a permis l'annexion de la Crimée, c'est même une guerre psychologique que livre la Russie pour affaiblir le nouveau pouvoir en Ukraine. Avec la panoplie traditionnelle de cet art éprouvé au fil des siècles par les puissances de tous bords, et dans lequel le KGB soviétique était passé maître : intoxication, désinformation, manipulation, provocation.
Il y a, bien sûr, l'image-massue des « fascistes » et des « néonazis » venus de l'Ouest ukrainien, dont l'efficacité n'est plus à prouver, réveillant des références historiques jamais oubliées dans cette partie de l'Europe. Mais Moscou a d'autres cordes à son arc. La diffusion sur YouTube depuis la Russie, début février, de conversations téléphoniques destinées à discréditer des hauts responsables diplomatiques américains et européens (le fameux « Fuck Europe » de Victoria Nuland) révélait la capacité opérationnelle des services secrets russes à Kiev.
Ils l'ont de nouveau prouvée, avec, cette fois, la publication d'un entretien téléphonique dans lequel Ioulia Timochenko, aujourd'hui candidate à la présidence, menaçait, avec un vocabulaire qui n'a rien à envier à celui de Victoria Nuland, d'utiliser ses « relations » pour qu'il ne reste « même pas la terre brûlée » en Russie.
UN GROUPUSCULE MANIPULÉ, VOIRE INFILTRÉ
L'erreur politique qu'a constituée la décision de l'ex-opposition de supprimer le statut officiel des langues minoritaires en Ukraine – presque aussitôt suspendue – a été désastreuse. Plus inquiétante pour Kiev est l'exploitation des excès du groupe paramilitaire Pravyi Sektor, apparu dans le sillage de Maïdan, dont il est devenu l'une des forces d'autodéfense les plus visibles lorsque les affrontements sont devenus meurtriers. Andreas Umland, politologue à l'université de Kiev-Mohyla, note qu'il n'existe aucun travail de recherche sur ce groupuscule.
D'autres observateurs le soupçonnent même d'être manipulé ou infiltré : Pravyi Sektor, dont le nom vient de la tribune du secteur droit du stade Dynamo de Kiev, apparaît comme fauteur de troubles chaque fois que la situation tend à se stabiliser, relève un diplomate occidental. Exemple : jeudi 26 mars, le FMI annonce un accord sur une importante ligne de crédit pour l'Ukraine et les députés approuvent le plan d'austérité du gouvernement.
Jour faste, donc. Le soir même, une cohorte de Pravyi Sektor, en treillis et cagoule, déboule sur le parvis du Parlement et exige la démission du ministre de l'intérieur à la suite de la mort de l'un de leurs camarades. Sur place, la scène n'est guère impressionnante. Mais les chaînes russes se délectent de ces images qui accréditent l'idée du règne de l'intimidation et du chaos.
Face à cette tornade, Kiev refuse l'escalade, tente de jouer la carte de la vérité et de la modération. Comme l'offensive militaire en Crimée, c'est un combat à armes inégales. « Le régime russe est au bout de son modèle économique, il est pris au piège, analyse un haut responsable ukrainien. Il a besoin d'événements comme ceux-ci pour mobiliser ses électeurs. Ça a marché en Crimée. Il faut donc s'attendre à ce que cela continue. » A l'approche de l'élection présidentielle du 25 mai, dont Moscou ne voulait pas, cette guerre parallèle pourrait même s'intensifier. En toute logique.
Commentaires:
F.G. 31/03/2014 - 13h08
Cet article illustre la tribune de JF Kahn pour critiquer la partialité outrancière de la presse et ses effets négatifs qui peuvent rendre l'opinion française favorable à Poutine. Voilà un texte qui présente un gentil gouvernement, gaiement russophile, attaqué par les manipulations médiatiques du KGB. Les ministres de Svoboda, parti d'extrême-droite, sont occultés. Idem pour l'intégration des miliciens de Maïdan dans une "garde nationale". Et les ultranationalistes seraient une création du KGB !
yves t 31/03/2014 - 12h34
Vous connaissez les T Shirts de la tournée précédente (celle Orange) : http://iiscn.files.wordpress.com/2014/03/orangetour.jpg
Dans le bureau de la fondation McCain à Tbilissi, après 40:40 ci dessous : https://www.youtube.com/watch?v=v2HzWwjZcpw De fait la Russie a quelques raisons objectives de se sentir "pressurée", aussi, non ? Surtout que pour la tournée actuelle, il n'y a clairement pas eu d'hésitation à s'appuyer sur, --et bien sur à aider/financer--, des éléments plus "musclés".
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Re: Ukraine-Russie : l'autre guerre psychologique - Par Sylvie Kauffmann
Ukraine : l'extrême droite éjectée du centre de Kiev - HÉLÈNE DESPIC-POPOVIC
http://www.liberation.fr/monde/2014/04/01/ukraine-l-extreme-droite-ejectee-du-centre-de-kiev_992327
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http://www.liberation.fr/monde/2014/04/01/ukraine-l-extreme-droite-ejectee-du-centre-de-kiev_992327
RÉCIT Le Parlement a voté le désarmement des groupes paramilitaires qui avaient pris leurs quartiers dans la capitale, et expulsé Praviy Sektor de l'hôtel Dnipro.
Après plus de cinq semaines d’inaction, les autorités ukrainiennes ont repris mardi la main face aux paramilitaires d’extrême droite qui ont profité du Maïdan pour contrôler le centre de Kiev. Tirant parti d’une fusillade qui a fait lundi trois blessés sur Kreschatyk, l’artère principale de la capitale, le Parlement a voté ce mardi matin leur désarmement, par 256 voix pour et 47 abstentions.
Dans la matinée, la police a également expulsé Praviy Sektor, la principale milice d’extrême droite, de l’hôtel Dnipro dont elle occupait sans payer deux étages depuis la chute, le 21 février, du régime du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, et sa fuite à Moscou. «Seuls les membres des forces armées, de la garde nationale ou des services de sécurité d’Etat peuvent porter des armes», a déclaré le président par intérim Oleksander Tourtchinov. Les autres «sont des saboteurs qui travaillent contre l’Ukraine». Praviy Sektor s’est transformé à la mi-mars en parti politique et son leader, Dmitro Iaroch, a posé sa candidature à la présidentielle anticipée du 25 mai. Mais le groupe n’a pas pour autant changé ses méthodes d’action, refusant notamment d’entrer dans la garde nationale formée le mois dernier pour renforcer la surveillance des frontières face aux manœuvres de la Russie.
C’est près de l’hôtel Dnipro, à moins d’une centaine de mètres du Maïdan, la place symbole de la révolution où tentes et barricades disparaissent peu à peu, qu’un membre de Praviy Sektor a, le soir du 31 mars, sorti son revolver dans le feu d’une dispute et tiré sur trois hommes, dont un officiel de la mairie de Kiev. Mardi matin, les miliciens ont dû quitter l’hôtel un à un, sans emporter leurs armes. Plusieurs armes ont été saisies dans l’immeuble, selon un communiqué de la police. L'hôtel était déserté depuis des semaines par les clients, et les employés étaient terrorisés par la présence des paramilitaires.
RENTIER DE LA RÉVOLUTION
Créé pendant le mouvement de contestation, Praviy Sektor s’est affirmé à partir du mois de janvier comme un groupe plaidant pour des actions de force contre le pouvoir de Ianoukovitch, s’illustrant par ses coups contre les forces de l’ordre. Après la chute du régime, il a commencé à se comporter comme un rentier de la révolution, en s’installant dans de très nombreux locaux en ville. Des photographes avaient notamment observé que Iaroch, leur chef,avait fait sien un des véhicules qui appartenait jusqu’en février au chef de l’Etat.
Les relations entre le ministère de l’Intérieur et Praviy Sektor se sont détériorées à la suite de la mort, le 24 mars, d’un de ses chefs pour l’ouest du pays, Sachko Bily, mêlé à des activités criminelles et tué lors d’une opération de police dans la région de Rivne. Les militants d’extrême droite ont exigé et obtenu qu’une commission parlementaire se penche sur les circonstances de cette mort. Ils réclament le départ du ministre de l’Intérieur.
Praviy Sektor, dont l’existence permet à Moscou de crier au fascisme en Ukraine, n’a pas été interdit. Ses membres ont simplement été escortés par la police vers une de leurs bases situées à l’extérieur de la ville. Il est difficile d’estimer quels sont les effectifs réels de ce groupe dont certains membres arborent de nouveaux uniformes, signe de rentrées récentes d’argent.
Les autorités ont longtemps semblé démunies face à ce phénomène. En mars, le ministère a encouragé les citoyens à remettre volontairement leurs armes. Sans grand succès, semble-t-il, puisque l’action a été reconduite mardi pour un second mois.
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FRANCE_LIBRE 3 AVRIL 2014 À 4:11
La capitale de l'Ukraine était donc sous les bottes des milices nazies depuis des mois ???!!
Bon sang, la "propagande russe" dit donc vrai.
Résumé : le "front républicain" ne veut prétendument pas du FN (tout en ne parlant que de ce groupuscule en permanence)... et soutient les nazis en Ukraine (tout en niant leur existance).
Limpide.
PAPY64 2 AVRIL 2014 À 17:59
Des extrémistes nazis à Kiev et place Maidan, mais je croyais que c'était une invention des Russes, car Fabius et les autres ministres européens ne les avaient pas vus. C'est vrai il s'informe en lisant la presse lui aussi !!!!
CRISTIANO 2 AVRIL 2014 À 15:47
Tiens, il y avait donc une extrême-droite à Kiev... Après des mois de black-out, les journalistes commencent enfin à faire leur travail. Je dis "commencent", car cet article est très incomplet. Ce n'est pas pas un mais deux groupes néo-nazis qui ont fait le putsch : le Pravy Sektor dont parle l'article et Svoboda, qui occupe précisément le ministère de l'intérieur ainsi qu'un tiers des postes au gouvernement. Si le Pravy Sektor est éliminé (on se demande bien comment, d'ailleurs), Moscou pourra continuer de "crier au fascisme" à cause de Svoboda.
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