Sotchi en état de siège à la veille des Jeux - Marie Jégo

Soldats en faction à l'aéroport, policiers et maîtres-chiens patrouillant en ville, fouilles dans les gares et sur les routes, circulation automobile limitée, drones et hélicoptères de surveillance déployés en permanence dans le ciel : à quelques jours de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver (du 7 au 23 février), la petite station balnéaire de Sotchi, sur les bords de la mer Noire, a pris des airs de camp retranché. Pour assurer la sécurité, la ville a été envahie par 100 000 militaires, policiers et agents du renseignement venus des quatre coins de la Fédération.

La sécurité est visible sans être oppressante. Un drôle de palmier, sans doute faux, dissimule au sommet antennes et radars. Les forces de l'ordre déployés par milliers à Sotchi ont pour tenue de camouflage la panoplie officielle des bénévoles.

"Je n'avais pas remarqué qu'il y avait des policiers. C'est quand j'ai demandé pourquoi certains bénévoles avaient une tenue de couleur différente, qu'on m'a dit qu'en violet, c'était la police", raconte la patineuse artistique française, Vanessa James. "C'est vraiment bien fait, parce ce que cela ne fait pas peur".

Avec ses parcs verdoyants, ses anciens « sanatoriums » de style néostalinien, où la classe ouvrière et les apparatchiks soviétiques venaient se reposer jadis aux frais de l'Etat, Sotchi, 343 000 habitants, était jusque-là un havre de paix, épargné par la guerre qui endeuille l'autre Caucase, celui des régions musulmanes instables – Daghestan, Ingouchie, Kabardino-Balkarie – situées à quelques centaines de kilomètres plus à l'est, en direction de la mer Caspienne.
Pour M. Poutine, qui passe plus de la moitié de l'année entre les pistes de Iasnaïa Poliana, son yacht Olympia et son palais d'été, les Jeux sont l'occasion de révéler son pays sous un nouveau jour. « Je voudrais que les participants, les supporteurs, les journalistes et tous ceux qui suivront les épreuves voient la nouvelle Russie, son visage, ses possibilités, qu'ils posent un regard neuf et impartial sur elle », a insisté le maître du Kremlin.

Dans les gares et à l'aéroport, chaque passager est fouillé.

explique Evguenia Tchirikova, la pasionaria de l’écologie russe.

Le gouverneur Alexandre Tkatchev ne veut pas entendre une mouche voler. La flamme olympique étant arrivée à Krasnodar, la capitale régionale, mardi 4 février, et les premiers touristes s’installant chaque jour un peu plus nombreux sur les sites, il fallait en priorité neutraliser Evgueni Vitichko.

L’homme est du genre actif – et bavard avec ça, toujours d’accord pour parler aux journalistes étrangers de passage à Sotchi. Avec son incarcération, M. Tkatchev, le baron régional, a réussi un bon coup. Car, une fois derrière les barreaux, Evguéni ne pourra se rendre à son procès en appel dans une autre affaire, prévu le 13 février à Krasnodar. La police assure qu’il pourra y prendre part grâce à une liaison vidéo, ce qui risque d’affaiblir sa défense.

« VANDALISME »

Selon le jugement rendu par le tribunal de Touapsé le 20 décembre, objet du recours, il a été condamné à trois ans de prison. Là encore, les charges qui lui sont reprochées sont risibles : « vandalisme », pour avoir écrit « la nature est à tout le monde » sur la barrière du palais d’été du gouverneur Tkatchev.

Il faut dire que l’apparatchik en avait pris bien à son aise, faisant clôturer une bonne partie du domaine public forestier de Djoubga, non loin de Sotchi, pour donner de la perspective à son palais à colonnes. Les militants écologistes ont découvert le pot aux roses lors d’une balade. Le 13 novembre 2011, ils ont gribouillé sur la barrière et, c’est vrai, ils l’ont un peu tordue.

Alexandre Kastals 05/02/2014 - 18h15
Quel roman d'imagination ! Difficile d'extraire une perle dans cette pléthore de joyaux de contre-vérités. Peut-être "Poutine, qui passe plus de la moitié de l'année entre les pistes de Iasnaïa Poliana, son yacht Olympia et son palais d'été" , qui réussit à concentrer trois contre-vérités en une phrase

Hégésippe 05/02/2014 - 16h15
« la petite station balnéaire de Sotchi » : c'est une façon de voir discutable (la qualification de « petite »), si l'on songe que Sotchi, avec plus de 368 000 habitants (en 2013), est plus peuplée que, par exemple, la ville française de Nice (population estimée à 344 000 habitants en 2011).

Antoine Cagliero 05/02/2014 - 14h58
"Soldats en faction à l'aéroport, policiers et maîtres-chiens patrouillant en ville, fouilles dans les gares et sur les routes, circulation automobile limitée, drones et hélicoptères de surveillance déployés en permanence dans le ciel" ça pourrait une description de Davos lors du Forum eco mondial ! ou du Sommet de l'OTAN à Chicago en 2012 ou du G8 à Lough Erne (Irlande du Nord) en 2013 !!

Antoine Cagliero 05/02/2014 - 14h53
Par son traitement très biaisé de la Russie, Le Monde ne contribue pas du tout à une meilleure connaissance de ce pays par ses lecteurs.

Renaud 05/02/2014 - 14h41
Mais quand donc va s’arrêter ce dénigrement systématique de ces jeux !

Sohm 05/02/2014 - 13h51
Dans une région où la priorité est de stocker des vivres, ces jeux olympiques sont une catastrophe financière, immobilière, écologique et bientôt sportive ? Nul doute que de nombreuses personnes vont poser un regard nouveau sur la Russie d'aujourd'hui. Mais rien ne dit que ce regard soit positif.