Russie : de Staline à Poutine - Par Daniel Vernet
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Russie : de Staline à Poutine - Par Daniel Vernet
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/20/russie-de-staline-a-poutine_3433456_3232.html
Pendant plus de soixante-dix ans, après la révolution de 1917, la Russie s'est effacée derrière une Union soviétique construite par les bolcheviks pour fonder un Etat communiste. De cet empire immense mais sans autre unité qu'idéologique, Staline a fait à marche forcée et au prix de millions de morts une grande puissance, bâtissant à l'est de l'Europe un bloc d'alliés sur lequel Moscou régnait par la terreur. Les tentatives de réforme de ses successeurs puis l'effondrement de l'URSS en 1991 n'ont pas fait naître un régime à l'occidentale. Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 2000, a consacré la "dictature de la loi", votée par un Parlement aux ordres. Mais de plus en plus nombreux sont les Russes qui réclament cette vraie démocratie que leur pays n'a jamais connue. (...)
Le Géorgien Iossif Vissarionovitch Djougachvili, dit Staline, se montrait plus grand-russe que les Russes et en appelait à la Russie éternelle pour sauver son pouvoir. Vladimir Poutine, l'enfant du KGB, la police politique soviétique, exalte la Russie afin de lui redonner l'influence perdue avec la fin de l'URSS, selon lui, "la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle". Il ajoute : "Celui qui la regrette n'a pas de coeur, celui qui ne la regrette pas n'a pas de cerveau."
Le général de Gaulle ne parlait jamais de l'URSS. Il disait toujours "la Russie", même quand, en 1966, il s'adressait à la foule soviétique depuis le balcon de la mairie de Moscou. Il finit par avoir raison mais, à partir de 1922 et pour des décennies, la Russie s'était effacée derrière l'Union soviétique. La relation n'était pas de subordination. L'URSS était plus grande que la Russie, mais elle n'aurait rien été sans elle. Elle était le seul Etat du monde à n'avoir aucune base, ni géographique ni ethnique, mais seulement une définition idéologique. Elle prenait la suite de l'empire tsariste dont elle contestait l'héritage tout en le faisant fructifier.(...)
Avec la fin de l'Union soviétique, le "grand paradoxe d'un grand idéal aboutissant à un grand crime", selon l'expression de l'historien américain Martin Malia, a vécu. L'heure de la nouvelle Russie a sonné. Mais les contradictions de la Russie éternelle n'ont pas disparu. La démocratie fait ses premiers pas dans un pays qui ne l'a jamais connue. Un bon prétexte fourni aux autocrates en herbe et à leurs admirateurs étrangers pour justifier les violations des principes démocratiques, même les plus grossières. (...)
Avec Vladimir Poutine, au système anarcho-arbitraire de Boris Eltsine ont succédé la "verticale du pouvoir" et la "dictature de la loi". Profitant de la rente énergétique, des oligarques inféodés au nouveau régime dominé par les ministères de force (police, police secrète, armée) ont remplacé les anciens, en prison ou en exil.
L'"imitation de la démocratie" a été perfectionnée. La Constitution est suivie à la lettre et la loi respectée, quitte à être changée par une majorité parlementaire aux ordres du pouvoir exécutif. La lutte contre la corruption est une arme contre les adversaires du pouvoir. Les opposants les plus virulents sont mis hors d'état denuire par une justice aux ordres. La nouvelle classe moyenne a respecté le contrat - occupez-vous de vos affaires, nous nous occupons de la politique - jusqu'à ce que Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev, éphémère président qui a assuré l'intérim pendant quatre ans, dévoilent le jeu de chaises musicales qui pourrait, en théorie, garantir jusqu'en 2024 la présidence au premier d'entre eux.
Dénonçant les fraudes aux élections législatives et présidentielle, en 2011 et 2012, les sujets, mués en citoyens, sont descendus dans les rues des grandes villes russes pour demander des comptes. M. Poutine a détourné l'attention vers les "agents étrangers" et réussi dans un premier temps à étouffer la contestation.
Toutefois l'édifice est fêlé. Les vieilles recettes héritées du monde soviétique ne fonctionnent plus dans une Russie qui, trente ans après les débuts de la perestroïka, se demande toujours comment créer un système "civilisé", mais qui a au moins conscience qu'elle n'est pas au bout du chemin.
Alexandre Kastals 20/06/2013 - 20h54
Parmi les inexactitudes et jugements à l'emporte-pièce de ces bonnes feuilles , une "erreur" que par charité chrétienne il vaut mieux interpréter comme un lapsus volontaire. Poutine avait déclaré : "Celui qui ne regrette pas l'Union sovietique n'a pas de coeur, celui qui veut son retour n'a pas de cerveau " et non l'inverse.
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