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Peut-on jouer avec la rumeur quand on est journaliste? - ERIC METTOUT

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Peut-on jouer avec la rumeur quand on est journaliste? - ERIC METTOUT Empty Peut-on jouer avec la rumeur quand on est journaliste? - ERIC METTOUT

Message  Vivre Enrussie Lun 15 Mar 2010 - 23:58

Analyse d'une rumeur:
http://blogs.lexpress.fr/nouvelleformule/2010/03/tout-a-commenc-comme-une.php


Pour nous, c'est assez emmerdant. Daniel Schneidermann et Guy Birenbaum l'ont déjà écrit, chacun à leur façon, calme et pondérée pour le premier, plus énervée pour le second, qui s'inquiète de la pente que les forçats du Web vont devoir remonter après une affaire comme celle-là, née sur Internet, relayée par Internet et partie en vrille sur Internet avant de finir en Une de la presse tradi, quoique étrangère - que ça ne devra pas empêcher de passer elle aussi par le confessionnal. Certains de nos contempteurs réguliers ont déjà parcouru le raccourci, Guy a raison, on n'a pas fini de ramer.

Je passe des heures chaque semaine à défendre mon job, mes équipes, notre boulot contre les accusations, parfois fondées, la preuve, portées contre les nouveaux médias. On se remet tout juste, deux ans après, du SMS de Sarkozy et bim, les facéties de quelques collègues en ligne, et pas des moindres, et pas de ceux que j'estime le moins, renvoient brutalement le débat quelques années en arrière. D'où cette autre question: un journaliste peut-il s'amuser avec sa moelle substantifique, l'information, sans mettre gravement en péril sa propre crédibilité et, beaucoup plus grave, celle de tout le journalisme en ligne?

Pour dire les choses clairement, le bruit est devenu assourdissant quand il a été exploité sur Twitter par une petite poignée de journalistes Web reconnus et respectés, qui en ont fait un running gag pour le seul plaisir de rigoler. Du second degré, me répondront-ils, on n'y a pas cru, on n'a pas dit qu'on y croyait, relis nos tweets, sur le fond, on est irréprochable. Certes. Eux le savent, je le sais, ils ont malgré tout fait circuler et finalement en partie cautionné la rumeur.

Deux leçons:
La première, que je répète, on ne joue pas avec la nourriture. La seconde, les réseaux sociaux sont désormais des médias à part entière, que nous avons intérêt à considérer comme tels si nous voulons éviter les tête-à-queue.


Je suis assez étonnée de voir la question posée ainsi. Pourquoi vouloir jouer aux vertueux ?

Les journaux d'aujourd'hui sont constitués en grande partie d'infos non vérifiées ou incomplètement vérifiées, ainsi que d'infos mineures qu'on présente péniblement comme si elles étaient importantes, ce qui revient à créer une "rumeur d'importance". L'auteur est moins un enquêteur qu'un relai. Et trop souvent un relai peu regardant.

Mieux vaudrait se demander si le journaliste d'aujourd'hui peut ne pas jouer avec la rumeur et néanmoins garder son emploi. Un équilibre entre volonté des annonceurs et sincérité des journalistes est-il possible ? Une partie (importante ?) des lecteurs attend le retour de journaux qui ont une ambition d'informer, de présenter des opinions éclairées, pas de retransmettre les jeux du cirque. Tout le monde n'a pas envie d'être une pièce sur le marché du temps de cerveau disponible.

Le seul fait que twitter, un outil de propagation de rumeurs par excellence, soit devenu l'attention de l'ensemble de la profession est révélateur en soi d'un malaise.

Ainsi un journaliste craint que son travail soit, en terme de sérieux, mis derrière "un sms" envoyé par un inconnu dont on ne connait ni les motivations, ni la profession... et corollaire on craint que twitter ne soit l'objet d'un report de budgets de pub. Il est donc temps, avec M. Pujadas, de se demander comment la notoriété d'un journaliste a pu chuter à ce point dans l'opinion publique.

Quand on essaie de faire fabriquer du cassoulet, où la saucisse est remplacée par du surimi, par un spécialiste du hamburger, et qu'on le vend au tarif gastronomique, il ne faut pas s'étonner de voir la queue devant les sandwicheries. Les panonceaux "établissement élu 5 Saucisses d'Or par des experts" n'y changeront pas grand chose.

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