Faut-il brûler AvtoVAZ ou certains médias ?

Faut-il brûler l'usine de Togliatti et tout ce qu'elle contient, y compris ses travailleurs ? A en croire certains médias russes, dont les propos sont benoitement relayés ce matin par une large partie de la presse française, ce serait sans doute la meilleure des choses à faire... "AvtoVAZ au bord du gouffre" titre en effet Le Nouvel Observateur, "Le constructeur russe Avtovaz au bord de la faillite" embraye Le Figaro, "Le partenaire russe de Renault, AvtoVAZ, serait au bord de la faillite" avance au conditionnel La Tribune... Sur quels fondements se basent ces allégations ? Simplement sur un énième "scoop" du quotidien moscovite Kommersant, aussi connu pour ses positions ultra-libérales que pour son actionnariat américain, qui affirme posséder la copie d'un rapport "secret" rédigé par le vice-ministre russe de l'Industrie, Andreï Dementiev, et indiquant clairement que "toutes les conditions prévues par la loi sont déjà remplies pour une faillite". La veille, l'agence anglo-canadienne Reuters prêtait déjà les mêmes propos à Sergei Stepashin, président de la Chambres des Comptes de la Fédération de Russie. Ajoutant sans rire que la déclaration de cet ancien premier ministre de Boris Eltsine placé sur une "voie de garage" après des accointances un peu trop prononcées avec les milieux séparatistes tchétchènes et l'église de scientologie, avait eu lieu "dans le cadre de l'inauguration d'une nouvelle biscuiterie du géant américain Kraft Foods" (sic) ! Alors, info ou intox ? Et bien au risque de décevoir tous ces brillants journalistes, intox totale, une fois de plus ! Le Premier Ministre Vladimir Poutine a en effet tenu à faire savoir ce jeudi par l'intermédiaire de son porte-parole, Dmitri Peskov, que ces allégations sont totalement infondées et que le rapport cité par Kommersant est, je cite, "dépassé" ajoutant que "cette lettre date d'il y a longtemps. Après, la question a été étudiée entre différents ministères, dont celui de l'Industrie. La position du ministère a changé après cela. D'ici au 10 novembre 2009, les ministres de l'Industrie, Viktor Khristenko, et du Développement économique, Elvira Nabioullina, vont présenter au Premier ministre des propositions sur la manière de soutenir AvtoVAZ .". Et si AvtoVAZ a préféré de son côté refuser de commenter ces "nouveaux mensonges de la presse", Renault a quant lui fait savoir que ces informations que cadrent pas avec celles qui lui ont été communiquées par le gouvernement russe : "nous n'avons pas connaissance d'une situation de faillite pour AvtoVAZ" a déclaré une porte-parole. Non sans réaffirmer la volonté du groupe français à continuer de travailler avec les autorités russes et les actionnaires du constructeur sur un plan permettant d'assurer l'avenir d'AvtoVAZ : "Renault travaille de très près avec AvtoVAZ à tous les niveaux. On étudie toutes les synergies possibles à mettre en place pour le court terme et après, assurer la croissance sur le long terme d'AvtoVAZ et permettre à Renault et Nissan d'accroître leur présence en Russie". Une rencontre au sommet entre Carlos Ghosn et Igor Komarov devant d'ailleurs servir à envisager un investissement partagé pour une nouvelle ligne d'assemblage qui pourrait accueillir dès 2012 des véhicules des marques LADA, Renault et Nissan. Avant de brûler l'usine de Togliatti, on pourrait donc commencer par allumer certains de ces "torchons" que leurs auteurs ont l'audace d'appeler journaux...

AvtoVAZ a présenté ce mardi, dans le cadre de l'exposition "Weldex'2009" qui se tient du 13 au 16 octobre au Crocus Expo de Moscou (www.weldex.ru), une nouvelle gamme de trois robots expérimentaux. Baptisée TUR, cette famille possède une capacité de charge allant de 15 à 350 kg et a été mise au point par la division de fabrication des équipements de production d'AvtoVAZ (PTO) avec la collaboration de l'Université Technologique d'État Stankin de Moscou et le concours du gouvernement de la Fédération de Russie.