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Poutine : Russie d’hier ou d’aujourd’hui - JEAN-PAUL VALLIN

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Poutine : Russie d’hier ou d’aujourd’hui  - JEAN-PAUL VALLIN Empty Poutine : Russie d’hier ou d’aujourd’hui - JEAN-PAUL VALLIN

Message  Vivre Enrussie Mar 15 Juil 2014 - 17:22

15.07.2014
http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-105973-poutine-russie-dhier-ou-daujourdhui-1024834.php

Le Président russe surprend, étonne, agace. Il est l’objet de toutes les critiques de la part de la presse occidentale et française particulièrement.
Cet art désormais consommé de passer sous silence les avancées du géant slave vers la modernité trahit une profonde appréhension, mais aussi et surtout une méconnaissance crasse du pays, de son génie, de l’âme slave, de sa renaissance au monde extérieur, comme de la dureté du quotidien d’une population qui n’a pas encore fait son deuil du communisme et qui aspire simultanément à plus de reconnaissance et de liberté.
Au lendemain des jeux d’hiver, le matraquage médiatique sur les surcoûts des réalisations de Sotchi et sur la corruption a fait "Pschitt". Il a fallu le courage de Jean Claude Killy, un homme de convictions et de liberté de parole pour admettre que ces jeux étaient les plus beaux que l’ère moderne ait connu. La résipiscence étant peu prisée des médias, "on" est passé à autre chose.
Poutine avait gagné ce pari. Les millions de Russes qui ont vu les jeux lui ont renouvelé leur confiance, comme ils l’avaient fait après la répression musclée des actes de terrorisme tchétchènes. Il n’est pas aisé de redonner foi en l’avenir à un peuple singulièrement éprouvé par presque un siècle de dictats, de disette, d’autarcie intellectuelle. Or, le peuple russe appelle de tous ses souhaits un homme fort, "aut Caesar, aut nihil". Il a renoué avec son église et son passé culturel, et entend occuper désormais une place de choix dans le concert économique mondial.
S’il détient potentiellement les ressources lui permettant d’atteindre ce dernier objectif, le chemin semble plus longs vers l’émancipation du camp des intellectuels, plus dubitatifs sur la ligne de bonne gouvernance du pays. La censure de la presse, le traitement quasi stalinien des leaders de l’opposition et la surveillance étroite des élites scientifiques leur donnent raison. Il est admis que l’on puisse rester nationaliste bien que l’on soit dissident, à l’image d’un Sakharov, alors que l’expatriation vous bannit définitivement de la reconnaissance populaire, comme Soljenitsyne.
Mais cette réalité actuelle ne constitue-t-elle pas qu’une phase consentie, un "moment" vers plus de démocratie ? Quelle vision habite le locataire du Kremlin ? Et la démocratie dont se gargarisent les Occidentaux est-elle vraiment adaptée à un pays de plus de 200 millions d’âmes ? Nous savons ce que Churchill en pensait : "le moins médiocre des régimes". Nous savons aussi quelle interprétation cacophonique en fut faite après le discours de La Baule par nos amis africains. Mais qu’en pense Poutine ? C’est tout le mystère. Ses mandats successifs avec un intermède Medvedev qui ne trompa personne s’écartent quand même sensiblement du dogme démocratique.
Et pour quelle Russie ? La volonté de préserver l’unité de cet immense territoire, creuset de l’Eurasie, vibrant de dialectes septentrionaux, occidentaux, orientaux ou méridionaux distincts et vecteurs d’une multitude de traditions ne fait aucun doute, pas plus chez les dirigeants que dans la population. Mais ne s’agit-il pas aussi de recréer la grande Russie, comme la doctrine Monroe y incite pour les États-Unis ?
Et de faire de la Biélorussie et de la partie orientale de l’Ukraine, du Kazakhstan ou de l’Ouzbékistan, comme d’autres pays circum-jacents des zones tampons, régies par des partenariats économiques et des accords de Défense. Pour l’heure, ce n’est pas clair. Ce qui l’est beaucoup plus dans l’instant, c’est l’inconsistance de l’Europe face au joueur d’échec qu’est Poutine dans le combat diplomatique engagé autour de l’Ukraine.
Systématiquement prise à la barbichette par un adversaire qui ne rit jamais le premier, brandissant sans conviction le spectre d’une Europe de la Défense encore chimérique ou sempiternelle victime d’une multicéphalite aigüe, l’Europe perd chaque fois en crédibilité. Et pour revenir aux fondamentaux, qui des pro-occidentaux ou des pro-russes peut prétendre à plus de légitimité ? Comment et au nom de quoi peut-on s’ériger en censeur sur "Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes", applaudir le printemps arabe et dénigrer l’aspiration d’un peuple de même langue, de même croyance et de mêmes traditions à plus d’autonomie ?
La dialectique est prompte à se retourner contre le rhéteur maladroit. Ce sont sans doute ces incertitudes qui minent le clan occidental face à la Russie, ou plutôt face à Poutine. Car si les Européens sont actuellement en mal de repères, Poutine, lui, semble confortablement installé dans sa politique, dans ses convictions et dans sa maîtrise de l’appareil politique et militaire du pays.
Sa position sur la Syrie alimente-t-elle encore le rêve de Pierre le Grand qui consistait à tenir le Moyen-Orient pour mieux se développer en Afrique ? Sans doute pas, l’impérialisme étant passé de mode. Mais la géostratégie est bien là, présente dans chaque prise de position, dans le rapprochement avec l’Iran comme dans la défense de Bachar al Assad.
Le meilleur moyen de lever les équivoques et de dissiper les doutes et les appréhensions consistera le moment venu à dresser un bilan objectif des années de Poutinisme, dénonçant l’injustice sans la caricaturer et livrant un rapport concis des améliorations de la vie de la population russe, si toutefois améliorations il y a. Au XVIIIe siècle, la France connaissait bien mieux qu’aujourd’hui son turbulent voisin de l’Est. Une dernière question reste en suspens : la Russie ne constitue-t-elle pas le prolongement naturel de l’Europe, géographique, historique ou culturel, et dès lors, un peu de son avenir ?

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