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Killy : "Après Sotchi, je pourrais quitter le CIO"

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Killy : "Après Sotchi, je pourrais quitter le CIO" Empty Killy : "Après Sotchi, je pourrais quitter le CIO"

Message  Vivre Enrussie Dim 20 Oct 2013 - 21:30

http://www.lejdd.fr/Sport/Killy-Apres-Sotchi-je-pourrais-quitter-le-CIO-634903

Son attachement à l’olympisme se lit jusqu’à sa plaque d’immatriculation : 2-1992, pour février 1992, date des Jeux d’Albertville, dont il a coprésidé le comité d’organisation. Aujourd’hui, Jean-Claude Killy, triple médaillé d’or à Grenoble en 1968, accomplit sa dernière mission au sein du Comité international olympique (CIO), dont il est le seul membre permanent français avec Guy Drut. Président de la commission de coordination de Sotchi 2014, il vit son "expérience la plus passionnante intellectuellement". Le 7 février, jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver, le Savoyard en sera à 40 visites en Russie, le pays de Vladimir Poutine. Un président qu’il a appris à apprécier.

À bientôt cent jours de l’ouverture des Jeux de Sotchi, êtes-vous sûr que tout sera prêt?
Oui. Il y a eu 72 épreuves-tests, et le nouvel aéroport fonctionne. Il est situé à cinq minutes des épreuves de glace et des cérémonies. Les autres sites sont à 40 km par train ou autoroute. Ce seront les Jeux les plus compacts qui soient.

Et aussi les plus chers de l’histoire…
7 milliards de dollars pour la construction des équipements sportifs, pour moitié à la charge de l’État, l’autre pour les oligarques. Et 2 milliards pour le déroulement des épreuves, soit plus ou moins ce qui se pratique pour les Jeux d’hiver, sachant que les Russes sont partis de zéro. Si l’on ajoute le développement du territoire, notamment les transports, le tout?à-l’égout qui n’existait pas à Sotchi et trois centrales thermiques, on arrive à une enveloppe globale de 50 milliards. Mais pour nous, au CIO, seuls les 9 premiers milliards nous concernent. Le reste ne nous regarde plus, même si ce ne sont pas de petits chiffres, effectivement.

Devant les difficultés rencontrées pour certains travaux, Vladimir Poutine a-t?il confié son agacement?
Il ne cache jamais les choses… C’est parfois moi qui lui ai confié mon agacement. C’est notre rôle au CIO de nous assurer que les délais sont tenus et l’engagement signé par le pays, le Host City Contract, bien respecté. Mais on l’a aussi modifié. Notamment en déplaçant le village olympique et la piste de bobsleigh pour éviter de toucher une sorte de paradis, un site naturel classé au patrimoine mondial de l’Unesco. En allant construire 8 km plus bas, on a non seulement évité la destruction d’un endroit magique mais aussi fait des économies. Il y a dix exemples comme ça.

Il n’y a jamais eu de tensions entre vous?
Jamais. Sotchi est l’équipe la plus communicative et transparente que j’aie connue. Elle ne nous a jamais rien caché. Pendant sept ans, on a travaillé à livre ouvert. Les gens ont une idée très préconçue de ce que sont les Russes et de la manière dont ils travaillent. Gilbert Felli [directeur exécutif du CIO] et moi avons eu accès à ce qu’on voulait quand on le voulait. Y compris à Poutine : on peut toujours l’avoir dans la minute, juste en appelant son chef de cabinet.

La flamme olympique dans l’espace à bord d’une fusée Soyouz, le 7 novembre, n’est-ce pas un peu trop grandiloquent?
C’est à l’image du pays. Cela explique sa manière de faire, son positionnement dans le monde. C’est de la géopolitique. Chacun utilise les Jeux olympiques comme il l’entend. Un pays ne veut jamais les Jeux pour le bénéfice pur et unique du sport.

En l’occurrence, c’est au moins autant un homme, Poutine, qui les a voulus.
Complètement. C’est lui qui porte le dossier depuis dix ans, lui qui a demandé aux oligarques de le financer.

Vous êtes devenus amis?
J’ai développé des liens très intéressants avec lui. Je travaille avec lui depuis sept ans. Cela m’a donné une opinion un peu différente de celle qui est largement véhiculée. Le Poutine que je connais n’est pas celui décrit dans les journaux, où il existe un vrai "Poutine bashing". Je n’ai pas de raison d’aboyer avec la meute, je me fie à ce que je vois. Quand il me téléphone de Moscou, à 3 heures du matin pour lui, pour me souhaiter mon anniversaire, je trouve ça sympathique. Il n’a pas besoin de moi, vous savez… Quand il joue des mélodies tristes au piano à la fin d’une soirée avec dix ministres qui chantent autour, ce n’est quand même pas banal!

On peut jouer du piano et être un despote.
Oui, bien sûr. Et aimer les chats aussi… Mais encore une fois, depuis sept ans que je travaille avec lui, tout se passe merveilleusement bien. De toute façon, on ne m’envoie pas en Russie pour exprimer une opinion politique. Mon problème, ce sont les Jeux. Même si je trouve que ce pays se développe rapidement et démocratiquement.

La Russie est donc selon vous une démocratie?
J’ai dit que ce pays est "sur la route de la démocratie". Il s’ouvre très vite. Grâce aux Jeux et aux réseaux sociaux, entre autres. Les Jeux ont joué un rôle très positif en Chine également. En Russie, on est loin de l’époque soviétique. Je constate aussi que les experts internationaux ont validé la dernière élection de M. Poutine.

Et la loi interdisant la "promotion de l’homosexualité"? Dick Pound, membre du CIO, a parlé de "honte".
C’est son avis. Poutine m’a dit son étonnement face aux réactions et à l’ampleur du bruit généré. Il m’a raconté avoir remis dernièrement un prix littéraire à un homosexuel. Pour lui, ce n’est pas une loi anti-gays. Pour autant, comme pour d’autres pays où elles existent, je pense que l’on pourrait très bien se passer de ces lois.

Autres reproches adressés à Sotchi : les dégâts sur l’environnement causés par les travaux ou encore les milliers d’expropriations.
Il y a eu 2.000 cas d’expropriations. Je les ai suivis personnellement. Près de 1.800 ont été réglés. Il en reste 200 pour lesquels nous ne trouvons pas d’accord. Quant à l’impact sur l’environnement, il a été contrôlé. Des milliers de poissons ont été réintroduits dans les rivières, ainsi que le léopard des neiges dans les montagnes. Neuf mille arbres ont aussi été replantés.

La France, elle, reste sur plusieurs échecs olympiques. Paris peut-il envisager une nouvelle candidature en 2024?
Oui, mais à plusieurs conditions. Au lendemain de son élection [en mars 2014], la nouvelle maire [Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet sont les deux principales prétendantes] devra commencer à affûter les couteaux et sonder tout le monde : gouvernement, région Île-de-France, Comité national olympique, etc. Le problème français a toujours été ce millefeuille administratif. Il faut créer un Team France, forcément incarné par le maire. Il conviendra de tenir compte de la concurrence, particulièrement relevée. Les Américains, qui réfléchissent à plusieurs dossiers, seront durs à contrer. Quant à la règle de l’alternance des continents, j’ai toujours dit que je n’y croyais pas. La France aurait tout intérêt à s’inspirer de l’exemple de Tokyo 2020, une candidature techniquement remarquable et très humble.

L’humilité, c’est ce qui manque à la France?
L’esprit français se complaît dans une posture de donneur de leçons qui sait tout. Il faut faire preuve d’humilité, d’écoute et de persévérance, tout en proposant évidemment un dossier qui ne soit pas critiquable. On doit cesser de se prendre pour ce que l’on n’est pas. On ne peut pas arriver une fois tous les dix ans, expliquer au monde entier ce qu’est l’olympisme, faire preuve d’arrogance, puis disparaître et recommencer dix ans plus tard. Il nous manque de la constance dans l’organisation d’événements, de la présence à la tête des fédérations internationales, des relais. Et puis il semblerait qu’on ne soit pas très bons en lobbying.

C’est pour cela qu’a été créé le Comité français du sport international, avec à sa tête Bernard Lapasset. Échangez-vous avec lui?
De manière espacée seulement. Je ne suis pas son conseiller, il ne fait pas appel à moi dans le cadre de sa nouvelle fonction. Mais c’est récent, son truc. C’est en tout cas quelqu’un que j’apprécie.

2024 marquera le centenaire des derniers Jeux à Paris. Le CIO peut-il y être sensible?
En aucun cas! On n’en est plus là. En 1996, on est allés à Atlanta et non à Athènes. Vu l’ampleur des enjeux et des responsabilités, le CIO romantique n’existe plus.

Seriez-vous partie prenante d’une éventuelle candidature française?
Non, c’est fini. Hors de question. Ou alors juste pour un coup de main.

Resterez-vous au CIO après Sotchi?
Je vais peut-être arrêter. Je suis membre depuis 1995. Je viens d’avoir 70 ans, c’est un âge où l’on est en droit de se poser des questions, même si je peux rester jusqu’en 2023 [limite fixée à 80 ans pour les membres élus avant 1999]. J’ai quitté l’école à 15 ans, avec mes skis sous le bras. Cela fait donc cinquante- cinq ans que je suis sur les routes! La jeunesse arrive : Tony Estanguet [triple champion olympique de canoë] vient d’entrer au CIO, via la commission des athlètes. Je m’y suis employé et on y est parvenus. Après ses huit ans dans cette commission, Sergueï Bubka a été élu membre permanent. Notre coco peut faire pareil.

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